84
GUIDE A FLORENCE.
vère et à la sérénité calme de celles d’Andrea.
Elles ont pourtant une grâce ingénue et juvénile
dont s’exclut encore tout soupçon de maniérisme
et l’art plastique y atteindrait la perfection, si
Lorenzo avait mieux compris les conditions du
bas-relief, et son incapacité à exprimer les
saillies nuancées, les plans successifs ou les pro¬
fondeurs feintes. Ce grave défaut de son style,
déjà sensible dans cette première œuvre, devait
par ses développements ultérieurs entraîner la
sculpture dans une voie funeste.
La première porte de Ghiberti ne fut pas plutôt
achevée qu’on se décida à lui confier la seconde.
considérée par ses contemporains comme son chef-
d’œuvre, mais où s’accuse déjà fortement le parti
pris d’obtenir du bronze les effets de la peinture
par une fusion impossible des deux arts.
Cette fois, entière latitude lui était laissée.
Aussi s’affranchit-il résolument de toute influence
et divisa-t-il son sujet en dix panneaux où il trai-
tait les principaux épisodes de l’Ancien Testament.
Mais, comme cette donnée était trop considérable,
il se résolut à réunir dans chaque panneau plu-
sieurs actions différentes n’ayant aucun rapport
entre elles. Il encadra chacun de ses tableaux
d’une large bordure ornée de figurines placées
dans des niches alternant avec des médaillons
d’où sortent des têtes en ronde bosse et il décora
les chambranles de guirlandes compliquées.
Il fallut seize ans à Ghiberti pour mener à bien