COSME DE MÉDICIS.
M
partisans, l’oligarchie fut-elle tout de suite défini¬
tivement désarmée.
Profond politique, loin de rentrer aussitôt à
Florence, il laissa peser sur ses amis tout l’odieux
des représailles. Si la clémence fut appliquée aux
classes inférieures dans une large mesure, les
dernières rigueurs furent, sans scrupule et sans
miséricorde, exercées contre l’aristocratie vaincue.
Il suffisait d’avoir mal parlé du gouvernement pour
être spolié de ses biens et enfermé « aux stinche »,
d’où l’on avait grande chance de ne jamais sortir.
Tel qu’Octave, Cosme non seulement laissa faire,
mais encore mit à son retour les conditions les
plus dures, qu’il fit imposer par d’autres que par
lui. Enfin, le plus fort de la besogne étant fait, il
rentra à Florence, la veille du jour où on l’atten¬
dait, se dérobant au triomphe qu’on lui prépa¬
rait. Ce ne fut que plus tard que ses panégyristes,
en le proclamant « Père de la Patrie, Bienfaiteur
du peuple », eurent l’idée de le représenter ren-
trant dans la ville triomphalement porté sur les
épaules de ses concitoyens.
Cosme, maître du pouvoir, continua à proscrire
sans pitié tous ceux contre lesquels il nourrissait
quelque ressentiment; mais estimant avec une
justesse de vue rare qu’il ne régnait que grâce à
l’opinion et à la guerre constante faite par sa
famille à l’oligarchie, il s’appuya sur le menu peu¬
ple, et l’assouvissement de ses vengeance person-
nelles passa pour une satisfaction accordée à la