26
HISTOIRE DE FLORENCE.
dans le dessein manifeste de se faire des parti¬
sans.
Le mot d’ordre donné par Cosme était de répé-
ter que tout allait mal, de semer le décourage-
ment dans les masses et de les amener peu à peu
au dégoût du régime oligarchique; mais son plus
puissant levier était l’immense fortune qui lui
permettait d’acheter une popularité que son père
avait eu moins de peine à acquérir.
Contre Cosme et sa faction se dressaient les
trois plus anciennes familles de Florence, qui
n'entendaient nullement se soumettre à ces par-
venus : c’étaient les Pazzi, les Pitti et les Accia-
juoli. Las de rencontrer partout sur leur route,
en affaires et en politique, un rival de plus en plus
redoutable, ils lui faisaient une violente opposi-
tion. Ligués pour sa perte, ils achetèrent en 1432
le nouveau gonfalonier, homme vénal, et l’ame-
nèrent à se saisir de Cosme et à le jeter en prison,
sous prétexte de conspiration contre le régime
établi, de dilapidation et d’usure. C’était une
accusation plus qu’injustifiée, car Cosme était de
ceux qui donnent, et non de ceux qui prennent.
Quoi qu’il en soit, cette détention fut de courte
durée, et Cosme, banni pour un an, prit le che-
min de Padoue où il fut exilé après avoir acheté
au poids de l’or cette liberté relative. A Padoue,
il devint le chef de tout ce que Florence comp-
tait de mécontents; aussi, quand en 1434 les
élections mirent le pouvoir aux mains de ses