282
SAN MINIATO AL MONTE.
mit en œuvre d’anciennes pièces, on les imita: quelques détails, surtout
les mosaïques et les croix grecques, révèlent une influence byzantine :
dans la restauration commencée en 1860 on a cru bien faire en revêtant
ces colonnes d’un ciment à scagliola simulant le marbre mischio ou le
blanc alterné avec le vert de Prato. — Au XIVme siècle on avait déjà
employé une décoration (récemment rafraîchie) de peinture aux poutres
de la toiture, et commencé des fresques pour couvrir la pauvre nudité
des parois.
Les trois nefs sont coupées à mi-hauteur par la crypte ou confession
où l’évêque Hildebrand déposa les reliques de Saint Miniato.
En employant le pave de la basilique pour les sépultures, on a au
moins respecté le superbe tapis de marbre en marqueterie dans la nef du
milieu, à lions rampants, à ornements capricieux, symboliques et astro-
nomiques, et daté 1207.
Sur la paroi à dr. de l’entrée une Madone et Saints, fresque signée
Paolo di Strfano et datée 1426 — à g. à la hauteur du presbytère un Saint
Jérôme dans le style d'Andrea del Castagno.
Les escaliers montant à la tribune ont été refaits en marbre en 1447:
mais le parapet qui ferme la tribune était déjà anciennement en marbre
et avec sa riche ornementation, ainsi que l’ambon appuyant sur la clô¬
ture et sur deux colonnes corinthiennes : l’ambon a la forme usitée dans
les basiliques de l’époque, avec le lutrin porté par l’aigle, mais celui-ci a
comme supports une figure humaine assez étrange et une console tout-à-fait
singulière. — Les quatre colonnes marquant les nefs dans la tribune ont
les plus beaux chapiteaux de sculpture greco-romaine : c’est là que l’on
peut le mieux étudier l’emploi des anciens matériaux dans les bâtisses
romanes, en le comparant avec les grossières imitations en pierre hasar-
dées sur quelques colonnes des bas-côtés pour suppléer au manque des
marbres travaillés que l’on tirait des ruines des edifices romains.
Le centre de la tribune est occupé par le chœur, dont les stalles en
marqueterie de bois sont de 1466 à 1470 par Domenico da Gaiole. — L’abside
demi-circulaire donne un avant-goût de la renaissance; à arcades et co-
lonnes de marbre noir et chapiteaux de marbre blanc, couronnée par la
demi-coupole : celle-ci est toute occupée par la mosaïque datée 1297, mais
encore tout-à-fait dans le style byzantin: le Christ bénissant, la Vierge,
Saint Miniato déguisé en roi d’Arménie ! les symboles des Evangélistes et
autres: la mosaïque a été restaurée en 1491 par Baldovinetti, et en 1860:
l’autel est l’authentique. — Le tout éclairé par la douce lumière tamisée du
marbre transparent dit fengite qui remplace les verreries aux fenêtres.
Les autres parties de la basilique ont une lumière insuffisante et
inégale, due à la fermeture de quelques fenêtres dans les additions d’autels
et de chapelles. — Les autels au fond des nefs latérales de la tribune
sont des baroqueries du XVIIme siècle : mais celui de g. renferme un
tableau du XIVme siècle, où Saint Jean Gualberto est figuré en Béné-
dictin : en effet il demeura quelque temps moine à San Miniato et il s’en
alla, à la suite de l’élection simoniaque de l’abbé, pour fonder son ordre
de Vallombrosa. — Parmi les autres peintures de ce temps-là, un tableau
de Saint Miniato entouré de petites scènes de son martyre est attribué à
Agnolo Caddi: on le voit entre la porte de la sacristie et celle qui donne
sur le cloître : il y a là aussi des traces de fresques bien plus anciennes,
peut-être byzantines, Saint Miniato couronné et avec la croix grecque.
** La Sacristie est une jolie production du style ogival, carrée à
voûte en croix, avec les quatre Evangélistes sur fond d’azur étoilé d’or:
les parois en haut sont peintes à ** histoires de la légende de Saint
Benoît par Spinello Aretino, fin du XIVme siècle, et bien restaurées en 1840:
la scène des funérailles est magistrale: excellentes aussi la figure du
Saint, celles du jeune moine et du roi Totila, ainsi que le groupe de