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STINCHE.
dernièrement illustrée par la demeure d’Ubaldino Peruzzi
et où sa femme Donna Emilia tenait un salon littéraire et
politique ouvert à la meilleure société florentine et étran
gère. — Sur le palier * une stèle funéraire étrusque avec scè
nes de famille, sculptée en pierre, découverte à l’Antella,
domaine des Peruzzi.
Au nord de la place, via della Fogna, 4, curieuse inscrip¬
tion célébrant le jubilé de 1300 et un certain Ugolino qui y
avait pris part avec sa femme.
La courte et large rue parallèle qui commence à l’angle
nord-ouest, la via del Fosso, a été en partie gagnée (ainsi que
l’Académie Philharmonique et le grand théâtre Pagliano, bâtis
après 1834 par le célèbre inventeur du sirop), sur l’emplace
ment des anciennes prisons érigées en 1299 et dites le Stinche,
depuis que, en 1304, on y enferma les prisonniers faits au châ
teau delle Stinche qui appartenait aux Cavalcanti: d’abord par
ticulièrement destinées aux aristocrates, on y voit encore une
fresque giottesque représentant l’expulsion du duc d’Athènes,
intéressante pour le sujet et parce qu’il y a là Palazzo Vec-
chio tel que le duc l’avait fortifié en 1343 (s’adresser via Ghi-
bellina n. 83). — Ensuite on y enfermait les débiteurs insol-
vables: il y en eut de bien illustres, Giovanni Villani, le
chroniqueur Cavalcanti, le théoricien de la peinture Cennino
Cennini en 1437 qui y composa son Libro dell’Arte, et Machia
velli: on n’y était pas trop mal logé, puisque le philan-
trope Howard en 1781 put faire l’éloge de cette prison. — A
l’angle nord-ouest du carré est reste le tabernacle avec la
Visite aux prisonniers par Giovanni da San Giovanni.
Sur le flanc du théâtre la rue dei Lavatoi (où les drapiers
avaient leurs lavoirs des laines) aboutit à la petite place de
San Simone, où encore en 1551 on célébra un auto-da-fé de
femmes condamnées comme hérétiques.— L’église, ainsi que le
constate la curieuse inscription en vers léonins dans la façade
était patronnée par les abbés de Badia ;
modernisée, elle hérita pourtant de celle proche et démolie de San Pier
Maggiore un tableau (premier autel à dr.), Saint Pierre, d’un contem-
porain de Cimabue encore lié tout-à-fait aux façons byzantines ; au troi¬
sième autel à g. une bonne Conception de Nicodemo Ferrucci.
Le coin de la via del Fosso avec la via Ghibellina où est le
palais della Ripa (n. 16), était dit anciennement degli Aranci,
a cause d’un jardin d’orangers fort hanté par les musiciens
populaires : c est là que Troilo Orsini fit assassiner le beau
Lelio Torelli page noir du grand-duc, coupable seulement
d’être aimé par Isabella Orsini, fille de Côme Ier et duchesse
de Bracciano (v. le roman de Guerrazzi).