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Avant de laisser l’Academie de Beaux-Arts (puisque le concièrge en
tient la clef), demandez de vous faire accompagner au
Chiostro della Compagnia dello Soalzo (Cloître des Carmes déchaussés)
(Via Cavour 69) — Ce Cloître, dépendant de l’Académie, est orné d’excel¬
lentes fresques en clair-obscur d’Andrea del Sarto, exécutées à diverses
époques, mais aujourd’hui malheureusement très endommagées par l’hu¬
midité des murailles. — Ces fresques peintes en grisaille et réprésen¬
tant des épisodes de l’histoire de S. Jean-Baptiste, sont comme l’histoire
et l’abrégé du talent de cet artiste : Le Baptême de Jésus-Christ montre
son premier style ; la Visite de la Vierge à Sainte Elisabeth, ses pro¬
grès; la Naissance de Saint Jean-Baptiste sa perfection; et elles prou¬
vent que ce peintre, surnommé le peintre sans erreurs (Andrea senza
errori) est en effet plus admirable par le naturel, la pureté et la grâce;
que par la force, l’originalité et l’imagination. Deux de ces fresques
(la 5° et la 6° à l’extremité du mur de droite, ont été esquissées seule-
ment par André del Sarto et peintes par Franciabigio son élève, pen-
dant le voyage de son maître en France, et paraissent dignes de lui.
La frise et les riches ornements sont de l’un et de l’autre. — Le temps,
l’humidité, les restaurateus et peut-être la melveillance, ont fort altéré
ces peintures, dont la déstruction semble suspendue dépuis qu’on en
confia la conservation à l’Académie de Beaux-Arts.
sent des coups du ciseau mal-habile de Simon — Vasari a fort éxalté
les beautés du David, qn’il a été jusqu’à mettre au-dessus des colosses
anciens et modernes ; mais ces éloges me semblent exagérés, et il serait
peut-être plus juste de ne voir dans cette statue qu’une admirable
étude de la jeunesse de l’auteur, qu’un essai grandiose, qu’un dévelop-
pement hardi des formes du nu, et de sa science anatomique. — Or le
début de la maniere grandiose et terrible de l’artiste ne fut point un de
ces ouvrages dus à la faveur et à l’ascendant des Médicis (ils étaient
bannis lors de sa création). Le patriotisme seul de Michel-Ange lui fit
quitter, pour se livrer à cette statue, les brillants et lucratifs travaux
du Vatican, et on conçoit que dans une telle position et avec le sen-
timent de sa superiorité, le jeune et superbe artiste ait agi aussi li¬
brement avec le Gonfalonier Pierre Soderini, qui avait trouvé le nez
trop gros. — On sait du reste que Michel-Ange feignit de le retoucher,
et fit voler de l’autre main un nuage de poussière de marble, capable
d’aveugler le Gonfalonier; et ainsi le premier magistrat de la République
singulierement exposé aux railleries du génie, eut à dire à Michel¬
Ange — Oh à present vous lui avez rendu la vie!! (Oh ora gli avete
dato la vita!!).