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s’unit à Camille Martelli. A sa mort arrivée le 21. avril 1574,
il laissa plusieurs enfans: du premier lit, dom François piin¬
ce héréditaire, dom Ferdinand cardinal, dom Pierre, et plu¬
sieurs princesses; du second, une fille appelée Virginie ; et
finalement dom Jean, fils naturel qu’il eut d’Eleonore Albizzi.
François de' Médicis, qui dépuis 1564. avait obtenu de son
père la régence de la Toscane, après la mort de Côme fut
paisiblement installé sur le trône, et les Toscans sans au¬
cune difficulté prétèrent serment d’obéissance à leur nouveau
souverain. François n’était point capable de suivre la poli¬
tique de son père, aussi prit-il le parti de se mettre aveu¬
glement sous la protection de la maison d’Autriche, et d’en
subir toutes les chances, sé flattant que l’appui d’une si gran¬
de puissance lui aurait concilié une autorité égale à celle dont
jouissait Côme, et l’aurait mis à l’abri des attaques de ses
ennemis sans l’exposer à de nouveaux dangers. En esfet, il
obtint de l’empereur le titre de grand-duc, qui avait été si
long temps disputé à son père; et le roi Philippe, ainsi que
tous les autres souverains, à l’exemple de la maison d’Autri¬
che, lui accordèrent facilement par la suite ce même titre,
Sous le regne de François on jeta les fondemens de la ville
de Livourne; une dispute de préséance eut lieu entre lui et
la maison de Savoye; il se forma une ligue de princes lom¬
bards contre le grand-duc, qui fut dissoute au moyen de plu¬
sieurs mariages; et il s’éléva enfin quelques différents avec la
république de Venise, qui furent suivis d’une déclaration de
guerre. François fit assassiner les principaux rebelles floren¬
tins, qui s’étaient refugiés en France et en Angleterre; il fut
bien souvent en discorde avec ses frères ; eut plusieurs di¬
scussions avec la reine de France au sujet de l’héritage du
duc Alexandre ; fut généralement hai de tous ses sujets; et
Horace Pucci avec quatre jeunes-gens des principales famil¬
les de Florence , trâma contre lui une conjuration, qui fut
éventée. Le grand-duc protégea et cultiva les sciences, les
lettres , et l’agriculture ; se distingua dans la magnificence des
bâtimens ; fit construire le palais de Pratolino ; introduisit
l’art de faire des ouvrages en pierres dures rapportées; sit
lai-même des ouvrages en cristal, qui eurent une grande cé¬
lébrité ; inventa les bombes , sans pourtant découvrir le mo¬
yen de les faire éclater à temps; et parmi ses nombreuses
expériences , on doit surtout rappèler celle de l’incubation
artificielle des oeufs, tentée plusieurs fois sans succès en 1571.
François mourut le 19. octobre 1587: il laissa deux filles
dont l’une appelée Marie devint par la suite reine de Fran¬
ce; et l’autre, Eleonore, fut duchesse de Mantoue. Aprés
la mort de Jeanne archiduchesse d’Autriche, sa première
femme, le grand-duc avait épousé en secondes nôces la cé¬
lèbre Bianca Cappello, la quelle supposa avoir donné nais¬
sance à dom Antoine, que François déclara lui appartenir.
Ferdinand frère du grand-duc François, ayant renoncé au
cardinalat, monta sur le trône de Toscaue au défaut de fls
légitimes de son prédecesseur. Doué des vertus et des talens