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(153) L’art de sculpter le porphire, qui n’est plus aujourd'
hui un secret puisque des ouvrages en sont exécutés à Rome
et à Florence avec la plus grande facilité, était anciennement
consideré comme tel à cause de la difficulté que l’on avait
de tremper les fers pour le travailler. C’est justement dans
cette trempe que l’on en faisait consister le secret, qui pos¬
sedé par del Tadda, passa à Raphaël Curradi, et ensuite à
Côme Salvestrini, lorsque Curradi alla se faire capucin. C’est
la famille Moreni qui se distingue maintenant chez-nous dans
ces travaux.
(154) Un mauvais peintre fut chargé de faire une draperie
pour couvrir les parties honteuses de la figure d’Adam que
l’on voit dans ce tableau: il s’en acquitta si mal, que le prix
de ce chef-d’oeuvre en fut de beaucoup diminué.
(155) Les paysans des environs accourent en foule pour
voir partir cette colombe. Le prejugé veut que lorsqu'elle
fournit sa course sans obstacles, la recolte doit être abondan¬
te : mais si au contraire elle s’arrête par l’imperfection des
fusées, le vulgaire prétend que la recolte doit être fort mo¬
dique.
(156) Les débordemens de l’Arno ont été si fréquens que,
dépuis 1177. jusqu’en 1761. on en compte 54. Les principaux
eurent lieu en 1333, et en 1557. On a noté l’époque de ce
dernier sur la façade d'une maison de la place de ste Croix:
les eaux de l’Arno s’élevèrent dans ce quartier-là à la hau¬
teur de six brasses, quatre sols et huit deniers, mesure du
pays. La vase que les eaux débordées portèrent dans la ville,
servit à rehausser le boulevard, qui côtoyant les murs, va
de la petite place de la zecca vecchia (ancien hôtel des mon¬
naies ) jusqu’à la porte s. Gallo: ce rehaussement fut de plu
sieurs brasses au dessus du niveau des jardins, qui sont con
tigus à cette promenade.
(157) C'est des figures des cartes à jouer, dont l'invention
est attrihuée aux Allemands, et des calques des ouvrages de
Niello, dans les quels nos orfèvres étaient excellens, que
Finiguerra inventa et exécuta, le premier à Florence, la gra¬
vure, sur bois d’abord, et ensuite sur l’argent ou sur le cui-
vre. Finiguerra fut aussitôt imité par Baccio Baldini, par
Alexandre Botticelli et par le Pollajolo, qui n’eurent pas de
compétiteurs d'un mérite pareil au leur, tant qu'on ne vil
pas paraître les gravures de Mantegna : ils forment la pre¬
mière époque de cet-art singulier. Balthasard Peruzzi et Bec¬
cafumi qui gravèrent supérieurement bien en bois, ainsi que
Luc Penni et Dominique del Barbiere qui se distinguèrent
beaucoup dans cet art, en forment la seconde époque. En nous
limitant à l’école toscane, Alberti , Scaminozzi, Vanni, della
Bella, et Galestruzzt, composent la troisième époque de la
gravure, dont la quatrième compte Ferdinand Gregori, et le
célèbre Bartolozzi. Bienque ces artistes soient très-estimables
si l’on veut avoir égard au temps dans le quel ils vécurent
et au but qu’ils s’étaient proposé; il ne faut point dissimule
ue, considérant le but principal de cet art dais tous s