XII
le moment de revenir dans leur patrie, ce qu'ils tentèrent
en effet, mais repoussés par ceux mêmes qui avaient, peu
auparavant, combattu pour eux, ils se virent forcés de s’en
retourner d’où ils étaient venus. Après le départ des rebelles,
Florence retomba dans ses anciennes querelles, et son gou-
vernement essuya ensuite (1307) quelques changemens, qui
tournèrent à l'avantage du peuple.
Le pape étant mort, les citoyens qui avaient été appelés
à Rome rentrèrent à Florence, et avec eux messire Corso:
ce dernier fut cause de nouveaux troubles. Chef de toutes les
dissentions, comme aussi de toutes les nouveautés, détesté par
un grand nombre de citoyens recommandables, fortement sou¬
pçonné d’aspirer à la tyrannie, messire Corso ne fit qu’augmenter
la mauvaise opinion qu’on avait de lui, en épousant une fille
d'Uguccione della Faggiuola chef de la faction des Ghibellini et
des blancs et très-puissant en Toscane. Après une telle alliance,
ses antagonistes et le peuple prirent les armes contre lui en 1308.
et rassemblés autour du palais des Seigneurs, ils dénoncèrent
par leur ordre , à messire Pierre Branca capitaine du peuple,
messire Corso comme voulant avec l’aide d’Uguccione, s’eri¬
ger en tyran. Cité, et dans le court éspace de deux heures jugé,
par contumace, coupable de rébellion, messire Corso au lieu
de ceder, montra la plus vigoureuse résistance ; mais en¬
touré d’ennemis, il prit le parti de se faire jour au milieu
des assaillans, et combattant avec opiniâtreté, il lui réussit
de s’échapper de la ville, passant par la porte de la croix.
Vivement poursuivi par un grand nombre , après le massacre
de ses gens sur l’ Affrico , il fut lui-même pris à Rovezzano
et égorgé par un de ceux qui le ramenaient à Florence. C’est
ainsi que messire Corso paya la peine que son caractère
inquiet et turbulent, lui avait en quelque sorte méritée. Après
sa mort, Florence fut assez tranquille jusqu’en l’an 1312.
époque à la quelle on sut que l’empereur Henri venait en
Italie dans le dessein de restituer à la patrie tous les rebelles
florentins. Pour diminuer le nombre de leurs ennemis, les
chefs du gouvernement décretèrent que tous les éxilés ren¬
treraient dans leurs foyers, et que pour cinq ans on confie¬
rait la ville de Florence à Robert roi de Naples pour la de¬
fendre . L’empereur à son retour de Rome, voulant dompter
les Florentins, se campa avec son armée au monastère de st.
Salvi, qui est éloigné d’un mille de la ville, où il resta pen¬
dant cinquante jours sans aucun fruit, et désésperant d'en
obtenir un heureux succès, il se dirigea vers Pise . En 1315.
les Florentins jaloux de l’autorité dont jouissait Uguccione della
Faggiuola, saisirent l’occasion que leur offrait le siége de Mon¬
tecatini, pour attaquer le seigneur de Pise, qui les battit et
les mit en déroute. Après cette défaite le roi Robert ayant
envoyé aux Florentins le comte d'Andria dit le comte No¬
vello, la manière avec la quelle il se comporta envers eux
les obligea à le chasser; et ayant fait venir Lando d'Agobbio
pour éxécuteur, ou lieutenant de police, ils lui donnèrent par
cette charge tant d'autorité qu'abusant de son pouvoir, il