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LIVOURNE.
de vol pour l’enfance, un des plus impurs repaires
de grandes villes, est encore plus mal composé
que l’Alsace des Aventures de Nigel, de Walter¬
Scott, ou que la Cour-des-Miracles de la Notre¬
Dame de Paris, de Victor Hugo. La justice fran¬
çaise, les maladetti débats, comme l’appelaient ces
indignes Vénitiens dans leur fureur impuissante,
avaient dompté cette canaille à laquelle la philan¬
thropique douceur des lois toscanes a rendu tous
ses vices. Je ne suis resté que cinq jours à Livourne
lors de mon dernier passage. La première nuit, je
fus réveillé au milieu de la nuit par les cris : Iladri
(les voleurs) qui, au nombre de quatre, avaient
paru sur les toits, et ne purent, selon l’usage, être
arrêtés par les sbires. C’était la quatrième fois que
le même hôtel subissait un pareil siége. Le surlen¬
demain d’autres cris annonçaient qu’une femme,
qu’une mère de cinq enfants, assassinait son mari de
trois coups de stylet. Livourne et sa Venezia sont un
argument sans réplique à toutes nos vertueuses et
chimériques utopies sur l’abolition de la peine de
mort. Ce système, invoqué au nom de la civilisation,
ramène à la barbarie de la vendetta, puisque, si la
société ne fait pas justice du crime, l’individu
offensé rentre dans son droit et se charge de punir
le meurtrier.
Livourne, ennuyeuse, insignifiante lorsqu’on
n’y fait point d’affaires, demande fort peu de temps
au voyageur, et les premiers et presque seuls mo¬
numents de la ville sont le lazaret et la synago¬
gue (1). Le lazaret est dans son genre vraiment
(1) La grande citerne, ouvrage récent de M. Pascal Poccianti,