Full text: Valery, Antoine Claude: Florence et ses environs

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LIVOURNE. 
de vol pour l’enfance, un des plus impurs repaires 
de grandes villes, est encore plus mal composé 
que l’Alsace des Aventures de Nigel, de Walter¬ 
Scott, ou que la Cour-des-Miracles de la Notre¬ 
Dame de Paris, de Victor Hugo. La justice fran¬ 
çaise, les maladetti débats, comme l’appelaient ces 
indignes Vénitiens dans leur fureur impuissante, 
avaient dompté cette canaille à laquelle la philan¬ 
thropique douceur des lois toscanes a rendu tous 
ses vices. Je ne suis resté que cinq jours à Livourne 
lors de mon dernier passage. La première nuit, je 
fus réveillé au milieu de la nuit par les cris : Iladri 
(les voleurs) qui, au nombre de quatre, avaient 
paru sur les toits, et ne purent, selon l’usage, être 
arrêtés par les sbires. C’était la quatrième fois que 
le même hôtel subissait un pareil siége. Le surlen¬ 
demain d’autres cris annonçaient qu’une femme, 
qu’une mère de cinq enfants, assassinait son mari de 
trois coups de stylet. Livourne et sa Venezia sont un 
argument sans réplique à toutes nos vertueuses et 
chimériques utopies sur l’abolition de la peine de 
mort. Ce système, invoqué au nom de la civilisation, 
ramène à la barbarie de la vendetta, puisque, si la 
société ne fait pas justice du crime, l’individu 
offensé rentre dans son droit et se charge de punir 
le meurtrier. 
Livourne, ennuyeuse, insignifiante lorsqu’on 
n’y fait point d’affaires, demande fort peu de temps 
au voyageur, et les premiers et presque seuls mo¬ 
numents de la ville sont le lazaret et la synago¬ 
gue (1). Le lazaret est dans son genre vraiment 
(1) La grande citerne, ouvrage récent de M. Pascal Poccianti,
	        
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