CAMPO-SANTO.
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Ces méchants vers ne prouvent que l’ancienne
prospérité commerciale de Pise, la première ville
qui eut en Europe un code maritime et qui mettait
en mer jusqu’à trois cents navires; Donizzon serait
aujourd’hui désarmé par sa solitude et sa tristesse.
Contre l’usage des épitaphes, le distique gravé sur
le tombeau de Béatrix ne parait guère a sa louange
elle y est même assez grossièrement, et à tort,
traitée de pécheresse (peccatrix), épithète qui
peut-être avait à cette époque le sens d’humilité
pieuse. Le mausolée du xIve siècle, de l’empereur
Henri VII, l’ami des Pisans, l’ennemi des Floren-
tins, si magnifiquement loué par le Dante (1), a
été transporté du Dôme au Campo-Santo, afin de
compléter les diverses époques de l’art qu’il pré¬
sente. Le monument d’Algarotti, du dessin deson
ami Maure Tesi et de Bianconi, lui fut érigé par le
grand Frédéric, ainsi que l’indique l’inscription.
Ce prince traitait son chambellan mieux que lui
en fait de tombeau; car on sait que par une der¬
nière moquerie de la nature humaine, il voulut
être enterré près de ses chiens et de leurs statues.
Un des Italiens qui a le plus honoré sa patrie par
la variété de ses talents, Pignotti, poëte, physi¬
cien, naturaliste, littérateur, antiquaire, repose
au Campo-Santo; son mausolée, par M. Ricci, est
d’une belle simplicité. Le Campo-Santo a reçu
en 1850 un nouveau et noble ornement; c’est le
tombeau de l’illustre chirurgien André Vacca,
élevé par souscription, et ouvrage de Thor-
waldsen.
(1) V. le volume Venise, p. 30.