240
CAREGGI.
blée, 25 sequins par mois (280 fr.) à deux vieilles
dames anglaises, dont les gens repoussaient im¬
pitoyablement de la maison et même du jardin,
tous les pèlerins platoniciens. L’image de Platon
fut jadis inaugurée dans ses jardins, dessinés
comme les bosquets d’Acadème, mais en meilleur
air (1), et chaque année, le 7 novembre, on y cé¬
lébrait, ainsi qu’à Florence, par un somptueux
banquet, l’anniversaire de sa naissance, comme
douze siècles auparavant il se pratiquait dans
Athènes (2). Careggi fut témoin des jeux, de la
familiarité littéraire de Laurent et de ses amis, Pic
de La Mirandole, Politien et Marsile Ficin. Ce der¬
nier même y finit ses jours. Laurent, le premier
peut-être, fit cultiver dans les jardins de Careggi
une collection de plantes autres que celles qui sont
le plus usuelles (3). Ce lieu, tout plein des Médicis,
fut le séjour de l’enfance de Léon X et le tombeau
de deux des plus illustres personnages de cette
famille, du Père de la patrie et de Laurent le
Magnisique. C’est là que ce dernier, atteint à qua¬
(1) Platon avait bizarrement établi son académie dans une
position insalubre, s’imaginant que la débilité du corps devait
laisser plus de force à l’âme.
(2) Selon deux relations de Marsile Ficin (Epist., lib. II, ad
Jacob. Bracciol.), Bandini présida le banquet de Florence,
Laurent de Médicis celui de Careggi. L'exactitude de cette date
du 7 novembre comme anniversaire de la naissance et de la
mort de Platon a été contestée avec quelque fondement par le
père Odoard Corsini.
(3) Le catalogue étendu en est donné dans une élégie d’Alexan¬
dre Bracci, adressée à Bernard Bembo , et publiée par Roscoe
dans l’appendice à la Vie de Laurent de Médicis, d’après un
manuscrit de la Laurentienne. Plusieurs de ces plantes d'Asie
et d’Afrique ne sont point reconnues par les botanistes actuels.