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VILLA DEMIDOFF.
vers. Une puissante machine à vapeur met en
mouvement les cinquante moulins de cette vaste
manufacture non moins remarquable par l’ordre
que par l’activité. Une salle d’asile et une école
d’enseignement mutuel, où l’apprentissage de la
soie sert de récréation, font partie de cette fonda¬
tion, par laquelle M. Anatole Demidoff semble
avoir perpétué les larges aumônes que son père
faisait aux pauvres de Florence, et qui lui méri¬
tèrent une si touchante popularité. Le jour de sa
mort la foule, avertie du danger, s’était portée au
palais Demidoff et à l’église Saint-Nicolas, voi¬
sine ; elle avait réclamé l’exposition du saint
sacrement et célébré un salut. improvisé : Demidoff
lui-même, informé qu’un grand nombre de ceux
qui n’avaient pu pénétrer dans l’église étaient à
genoux sur les dalles de la rue, parut à son bal¬
con, et il expira aux regards de cette multitude
priante. Un juste mausolée, ouvrage de Bartolini,
lui a été décerné à San-Donato ; mais la composi¬
tion n’est point sans quelque bizarrerie : la statue
du commandeur le représente appuyé sur l’épaule
de son fils Anatole attendri, tandis que de l’autre
côté une petite fille pose une couronne de fleurs à
ses pieds, afin d’exprimer qu’il meurt entre la
reconnaissance filiale et celle du peuple, et parmi
les quatre colossales statues placees sur le soubas¬
sement de lapis-lazuli, en pendant des figures
allégoriques de la Miséricorde et de l’Encourage¬
ment aux arts, sont la Muse des festins et les Mines
de Sibérie. Les deux bas-reliefs sont plus nets et
plus vrais: le premier montre Demidoff levant à ses
frais un régiment pour repousser du sol russe l'in¬