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POGGIO IMPERIALE
et Jean Bandini, qui semblèrent combattre pour
leur patrie, tandis qu’ils n’étaient que des rivaux
d’amour (1), duel qui peint si parfaitement les
mœurs et l’esprit de la chevalerie, et raconté avec
de si minutieux détails par Varchi, véritable his¬
torien de l’école descriptive ou pittoresque. C’est
sur le même pré du Poggio imperiale que Redi
fait conduire Ariane par Bacchus, qui, le verre à
la main, lui chante l’éloge des vins de Toscane et
des gens de lettres, amis de l’auteur, dans le beau
et célèbre, mais un peu redondant dithyrambe,
comme tous les dithyrambes, du Bacco in Tos¬
cana :
Dell' Indico oriente
Domator glorioso il dio del vino
Fermato avea l’ allegro suo soggiorno
Ai colli etruschi intorno :
E colà dove Imperial palagio
L'augusta fronte in ver le nubi inalza,
In verdeggiante prato
Colla vaga Arianna un di sedea,
E bevendo e cantando,
Al bell’ idolo suo cosi dicea, elc.
Au palais, une belle fresque de Matthieu Ros¬
selli, représentant les illustres actions des Médicis,
a été sciée habilement d’une voûte démolie et con¬
servée dans une autre pièce. La nouvelle chapelle
(1) La femme qu’ils aimaient était, à ce qu’on a su depuis,
Mariette Ricci, mariée à Nicolas Benintendi; le rival préféré
était Martelli. Ses amis prièrent Mariette de venir le visiter
après les graves blessures qu’il avait reçues, et elle en obtint
la permission de son mari qui ne se doutait de rien. Cette
entrevue, au lieu de soulager Martelli, comme on l’espérait,
lui causa une telle émotion, qu’elle parait avoir accéléré sa
mort.
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