Full text: Valery, Antoine Claude: Florence et ses environs

FLORENCE. 
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gnit qu’en se servant du mot propre, on ne la prit 
pour une population de boxeurs. Les fêtes de mai 
étaient splendides. Marchands et artisans se for¬ 
maient en compagnies; ils se revêtaient d’habits 
uniformes, et chaque compagnie prenait un titre 
différent. Les titres étaient celui d’Amour, de Bac¬ 
chus, de la Fortune, et d’autres semblables. Ces 
compagnies parcouraient joyeusement la ville en 
chantant et dansant au son des instruments et des 
trompettes. On se faisait mutuellement des présents 
d’habits, de mets, en s’invitant à diner et à souper. 
Jean Villani rapporte qu’à la Saint-Jean-Baptiste de 
l’année 1333, deux bandes d’artisans se formèrent, 
l’une dans la rue Ghibellina, l’autre au cours des 
Teinturiers. La première, de trois cents hommes, 
était vêtue de jaune; la seconde, de cinq cents , 
était en blanc. Pendant un mois entier ces joyeux 
compagnons allèrent ensemble deux à deux par 
les rues avec celui qu’ils avaient élu le roi de la 
fête, lequel portait majestueusement une cou¬ 
ronne, tandis que ses heureux sujets n’avaient 
sur la tête que des festons de fleurs. Arrivés sur la 
place, ils dansèrent au son des instruments et des 
tambours, et chantèrent d’érotiques refrains. Cette 
fête d’ouvriers montre quelle devait être alors 
l’aisance de la population industrielle de Florence ; 
les villes de fabriques les plus opulentes de France 
et d’Angleterre, trop souvent en proie à l’émeute 
ou à la faim, sont aujourd’hui bien loin d’offrir de 
tels spectacles. 
C’est à l’une de ces fêtes du mois de mai de 1304, 
qu’eut lieu la catastrophe du pont alla Carraja. 
Les Florentins avaient voulu se surpasser cette fois
	        
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