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CARMINE.
et fra Bartolommeo, admirables artistes, qui
semblent moins surprenants après un précurseur
tel que Masaccio.
Le chœur del Carmine offre un classique et har¬
monieux cénotaphe de Benoit da Rovezzano, con¬
sacré au gonfalonier Pierre Soderini : la cendre
de cet homme d’Etat ridicule et sans caractère (1),
mort à Rome, ne s’y trouve point, et le monument
parait y gagner. La riche chapelle Corsini atteste
la décadence du goût , et les anges du bas-relief
principal, de Foggini, avec leurs lourdes ailes et
leur mine affectée, sont bien loin, malgré l’habileté
du travail et la vérité des chairs, des anges si
beaux et si nobles des portes du Baptistère et de
la châsse de Saint Zanobi, par Ghiberti.
Les deux cloîtres du couvent del Carmine ont, le
premier, quelques bonnes lunettes d'Ulivelli ; le
second, un Sacrifice d’Elie, des meilleurs ouvrages
de Poccetti, pour la grâce et la force du coloris.
L’église Saint-Félix, très-ancienne, aujourd’hui
paroisse, a une belle fresque de Jean San-Gio¬
vanni, Saint Maxime, évêque de Nola, offrant au
saint une grappe de raisin, et Jésus-Christ sauvant
saint Pierre du naufrage , de Salvator Rosa. Un
ancien abbé de cette église, don Basile Nardi de
Casentino, comparé au Pierre l’Ermite de la Jéru¬
salem, fut célèbre par son courage, et regardé
comme un des premiers capitaines de son temps;
ses exploits lui valurent même, de la part du peu¬
ple, à son retour de Casentino, une sorte d’entrée
triomphale. Excommunié par le pape, et privé de
(1) V. ci-dessus.