SAINTE-MARIE-NOUVELLE.
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rins, et furent terminées l’année même de la mort
de Laurent le Magnifique. L’inscription suivante,
contre le mur, exprime très-bien quels étaient
alorsl’éclat et la prospérité de Florence : Anno 1490,
quo pulcherrima civitas opibus, victoriis, artibus,
œdificiisque nobilis, copid, salubritate, pace, perfrue¬
batur.
Le Crucifix de bois, de Brunelleschi, si souf¬
frant, si déchirant, fut une belle leçon d’artiste
donnée par lui à Donatello, après son ignoble
Crucifix de Sainte-Croix. Cette scène peint fidèle¬
ment la simplicité presque grossière des mœurs
artistiques du temps. Les deux amis allaient diner
ensemble, et Donatello portait dans son tablier les
œufs et les autres provisions du repas; conduit à
son insu par Brunelleschi devant le crucifix que
celui-ci avait exécuté en secret, il ne put s’empê¬
cher de s’écrier avec la candeur du vrai talent :
« C’est à toi qu’il est donné de faire des christs, et à
moi des paysans. » Mais au milieu de son admira¬
tion, le tablier lui échappa, et les œufs et le diner
tombèrent à terre.
Les vastes fresques de la chapelle Strozzi, re¬
présentant l’Enfer et le Paradis, d’André Orgagna
et de son frère Bernard, imitation du Dante, pour
lequel André était passionné, annoncent les pro¬
grès de l’art; elles ont, la première surtout, la
chaleur, le feu, le mouvement et les sublimes bi¬
zarreries du poëte. L’homme mis en enfer ayant un
papier sur son bonnet, est l’huissier de la com¬
mune qui avait saisi les meubles de l’artiste. Il y a
dans le Paradis de jolies têtes de femmes qui pa¬
raissent des portraits. La Samaritaine est un bon