FLORENCE.
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épitaphe bien différente de l’inscription qu’elle
suit (1). Le tombeau de Politien, qui n’avait pré¬
cédé que de deux mois dans la tombe Pic de La
Mirandole, l’aide et le compagnon le plus cher de
ses travaux, n’a qu’une mauvaise et fautive épi¬
taphe (elle le fait mourir en 1499 au lieu de 1494),
indigne d’une telle sépulture. Ce grand lettré, cet
ami, ce Virgile des Médicis, avait voulu être enterré
à Saint-Marc, revêtu de l’habit de l’ordre de saint
Dominique, vœu que remplit un des religieux du
couvent, Robert Ubaldini, peut-être confident de la
mystérieuse infortune qui fut cause de sa mort (2).
Le couvent de Saint-Marc, du dessin de Michel¬
lozzo, offre dans ses deux cloîtres de belles lunettes
à fresque de Pocetti, de Pierre Dandini et du vieux
Gherardini : parmi les peintures nombreuses de
fra Bartolommeo, qui était religieux de Saint-Marc,
un Saint Vincent a paru digne, par le coloris, du
Titien ou du Giorgione. J’ai vu dans ce couvent la
cellule de Jérôme Savonarole, prieur de Saint¬
Marc, dans laquelle ce sombre ennemi des Médicis
s’enfermait toutes les fois que Laurent, dont la
famille avait fondé le couvent, venait le visiter ou
paraissait dans le jardin. Elle me fut montrée par
un vieux dominicain, fort bon homme, qui sans
doute avait peu de rapports avec le tribun reli¬
gieux de Florence et l’intrépide adversaire des
(1) Hieronymus Benivenius, ne disjunctus post mortem locus
ossa teneret, quorum in vita animos conjunxit amor, hac humo
supposita ponendum cur.
2) Il a laissé un mémorial contenant le détail des circonstances
qui accompagnèrent les derniers moments de Politien. V.la Vie
deLaurent dellédicis, de Roscoë, ch. x, el l'appendice n° LXXVIII.