VITRUVE. LIV. VI.
45
y sont menés, ils prennent leur nourriture au soleil du
matin, et deviennent plus beaux. Les granges, les gre¬
niers à foin et à blé, le moulin doivent être construits à
une certaine distance de la maison, pour qu’elle n’ait
rien à craindre du feu. Si l'on veut ajouter quelque or¬
nement à la maison, les proportions qui ont été données
ci-dessus pour les édifices de la ville, pourront être sui¬
vies, pourvu qu'il n'en résulte aucun embarras pour le
service de la ferme.
Tous les édifices doivent être parfaitement éclairés;
le point est important. C'est une chose facile à la cam¬
pagne, où les murailles d'un voisin ne peuvent venir s'op¬
poser au jour; à la ville, au contraire, la hauteur d'un
mur mitoyen, le rapprochement des maisons répandent
de l'obscurité. Pour voir si l'on aura assez de jour, il
faut faire l'expérience suivante : du côté où l'on voudra
prendre le jour, on tendra une corde depuis le haut du
mur qui peut faire obstacle au jour, jusqu'à l'endroit où
il doit être reçu; et si de cette corde, en regardant en
haut, on peut découvrir une vaste étendue du ciel, la
lumière arrivera dans le lieu sans empêchement.
Si le jour était arrêté par une poutre, un linteau, un
plancher, il faudrait faire des ouvertures au-dessus des
obstacles qu'il rencontre, et l'introduire par là; en un
mot, il faut s'y prendre de manière que partout où
le ciel pourra être vu à découvert, il y ait place pour des
fenêtres : c'est ainsi qu'on aura des maisons bien éclai¬
rées. Les chambres et les salles à manger exigent beau¬
coup de jour; mais c'est surtout aux passages, aux esca¬
liers en limaçon et aux droits qu'il faut en donner,
parce que souvent il arrive que des personnes s'y ren¬
contrent venant les unes d'un côté, les autres de l'autre,
et s'y croisent avec des fardeaux qu'elles portent.
Je viens d'expliquer la manière de distribuer les mai¬
sons en Italie, assez clairement, je pense, pour que les