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VITRUVE. LIV: IX.
attire à elle toutes choses, comme nous le voyons par
les fruits qui, grâce à la force de la chaleur, sont élevés
à une certaine hauteur de la terre, et par les vapeurs
qui montent des fontaines jusqu'aux nues par le moyen
de l'arc-en-ciel, de même l'ardeur puissante du soleil
lorsque ses rayons s'étendent en trigone, attire à elle les
étoiles qui le suivent, modère celles qui le devancent, les
arrête, les empêche d'avancer, les fait revenir et ren¬
trer dans le signe d'un autre trigone.
Peut-être désirera-t-on savoir pourquoi le soleil
exerce l'action coërcitive de sa chaleur plutôt dans le
cinquième signe que dans le deuxième et le troisième, qui
sont plus rapprochés de lui? Voici, ce me semble, com¬
ment ce phénomène se produit. Les rayons du soleil,
pour former un triangle équilatéral, ne doivent s'étén¬
dre dans le ciel ni plus ni moins que jusqu au cinquième
signe. Si ces rayons actifs se répandaient en cercles par
tout le monde, s'ils n’étaient pas retenus dans la forme
d'un trigone par leur extension au loin, les corps les plus
rabprochés seraient embrasés. C'est ce que semble avoir
remarqué le poête grec Euripide : car il dit que les objets
les plus éloignés du soleil éprouvent une chaleur vio¬
lente, tandis que les plus rapprochés n'en éprouvent
qu'une modérée. Voici son vers; il se trouve dans la tra¬
gédie de Phaéthon :
Kaiet ra , ar éget.
Si le fait, le raisonnement, le témoignage de cet an¬
cien poête s'accordent ainsi, je ne pense pas qu'on puisse
avoir une autre opinion que celle que je viens de faire
connaître. Jupiter, qui fait son cours entre Mars et Sa¬
turne, décrit un cercle plus grand que Mars, plus petit
que Saturne. Il en est de même des autres étoiles : plus
() Sa chaleur est brilate, pour les objets dloignés; pour ceux qui sontrapproches, ele
est tempérée