VITRUVE. LIV. VIII.
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S'il se rencontre des montagnes entre la ville et la
source de la fontaine, il faudra les percer en ménageant
la pente dans les proportions indiquées plus haut; s'il
s'y trouve du tufou de la pierre, on y creusera le canal;
si le sol est terreux ou sablonneux, on construira deux
murailles avec une voûte qu'on continuera jusqu'à l'ex¬
trémité. Dans la longueur de l'aqueduc, on pratiquera
des puits à la distance de cent vingt pieds les uns des
autres.
Si l'on conduit l'eau dans des tuyaux de plomb, on
construira sur la source un regard, et depuis ce regard
jusqu'à celui qui est contre les murs de la ville, on po¬
sera des tuyaux dont le diamètre devra être proportionné
à la quantité d'eau. Les tuyaux seront fondus de la lon¬
gueur de dix pieds au moins. Si les lames ont cent doigts
de largeur, chaque tuyau pèsera douze cent six livres:
si elles en ont quatre-vingts, il pèsera neuf cent soixante
livres; si elles en ont cinquante, il pèsera six cent livres;
si elles en ont quarante, il pèsera quatre cent quatre¬
vingts livres; si elles en ont trente, il pèsera trois cent
soixante livres; si elles en ont vingt, il pèsera deux eent
quarante livres; si elles en ont quinze, il pésera cent
quatre-vingts livres; si elles en ont dix, il pésera cent
vingt livres; si elles en ont huit, il pèsera quatre-vingt¬
seize livres; si elles en ont cinq, il pèsera soixante livres.
Or, c'est du nombre des doigts qui forment la largeur
des lames avant d'être arrondies que les tuyaux pren¬
nent leur dénomination. Et la lame de cinquante doigts,
destinée à faire un tuyau, lui fera donner le nom de
tuyau de cinquante doigts, et ainsi des autres.
La conduite des eaux qui doit se faire par le moyen
de tuyaux de plomb, aura cet avantage, que si, depuis
la source jusqu'à la ville, la pente est convenable, et que
les montagnes intermédiaires ne soient point trop hautés
pour l'interrompre, il faudra remplir les intervalles avec