VITRUVE. LIV. VIII.
227
Les veines qu'on rencontre dans le gravier ne sont ni
abondantes ni certaines; mais elles sont aussi très-bonnes.
Dans le sablon mâle, dans le sable, dans le carboncle,
elles sont plus sûres, plus constantes; elles sont d'une
bonne qualité. Dans la pierre rouge, elles sont copieuses
et bonnes, quand elles ne s'échappent pas, qu'elles
ne s'infiltrent pas à travers ses pores. Au pied des mon-
tagnes et des roches siliceuses, elles sont plus abon-
dantes, plus riches, et en même temps plus fraîches et
plus salutaires. Dans les fontaines qui se trouvent dans
les plaines, elles sont saumâtres, pesantes, tièdes et dés-
agréables, à moins qu'elles ne partent des montagnes
pour aller sous terre jaillir au milieu des champs, où, à
l'abri de la verdure des arbres, elles offrent la même
douceur que celles des montagnes.
Outre les signes qui viennent d'être indiqués, il en
est encore d'autres qui font connaître les endroits où
l'eau se trouve sous terre ; ce sont les petits joncs, les
saules sauvages, les aunes, l'agnus-castus, les roseaux,
les lierres et les autres plantes de même nature, qui ne
peuvent naître d'elles-mêmes sans humidité. On voit or-
dinairement pousser ces mêmes plantes dans les marais
qui, étant plus bas que les terres qui les environnent,
reçoivent pendant l'hiver les eaux qui tombent du ciel
et celles qui viennent de ces terres, et les conservent
longtemps par le défaut d'écoulement; il ne faut point
s'en rapporter à cela; mais si dans les terres qui ne sont
pas marécageuses, ces plantes indicatives naissent sans
avoir été semées, d'elles-mêmes, naturellement, on peut
y chercher de l'eau.
Si ces indices n'annoncent pas la présence de l'eau,
voici l'expérience qu'il faudra faire. On pratiquera un
trou de trois pieds d'ouverture en tout sens, et de cinq
pieds au moins de profondeur; on y placera, vers
le coucher du soleil, un vase d'airain ou de plomb,