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NOTES DU' LIVRE VII.
Athènes, mais qu'il ne fut jamais peintré de décorations. Aussi le
véritable sens de cette phrase est-il que, quand Eschyle faisait
représenter ses tragédies à Athènes, Eschylo docente tragædiam
Agatharque en peignait les scènes, scenam fecit Agatharchus.
6.— Ex eo moniti Democritus et Anaxagoras de eadem re
scripserunt. La clarté de ce passagé est plus que suffisante pour
convaincre ceux qui ont voulu douter si les anciens connaissaient
l'art de la perspectivé, puisque Vitruve dit qu'ils enseignaient la
manière de représenter, sur la scène, de véritables édifices qui,
quoique peints sur une superficie plate et unie, c'est-à-dire sur la
toile, paraissaient les uns près, les autres éloignés, et cela en
imitant la disposition naturelle des lignes qui répondent toutes à
un même point (lineas ratione naturali respondere) ; que nous
nommons le point de vue, ou le point de perspective ; et radio¬
rum extensionem, et selon le point de distance.
Il est vrai, dit de Bioul, que les règles de la perspective ne
sont pas observées bien 'exactement dans les peintures qui se son¬
conseryées; et qui sont parvenues jusqu'à nous; hormis le mor¬
ceau de peinture à fresque qu'on a trouvé dans les ruines de
Villeya; et qu'on voit à Parme dans une des salles de l'Académie;
les règles de la perspective y sont observées. Dans tous les autres
morceaux de peinture que j'ai vus à Rome, à Naples, à Portici.
où on en a réuni un grand nombre, qu'on a tirés des ruines d'Her¬
culanum et de Pompéies, je n'en ai remarqué aucun qui indiquât
que le peintre connût la perspective. Je dois cependant faire ob¬
server; que tous ces morceaux étaient peints sur des muraille
d'où on les à sciés; et que, selon Pline, ceux qui peignaient
dans ce genre, n'étaient pas les meilleurs peintres. Ces peintures
prouvent bien que ceux qui les ont faites ignoraient cet art, mais
non pas que l'art était incounu de leur temps. J'ose dire que
même à présent que l'on connaît certainement ces règles, ily a
une infinité de tableaux dans lesquels on ne les a pas suivies, et
qui sont remplis de fautes contre la perspective; on n'en peut
pas conclure cependant que cet art soit généralement ignoré,
mais que les peintres qui les ont dessinés sont des ignorants (Dis¬
cours de M. Sallier sur la perspective des anciens, t. il des Mé¬
môires des Inscriptions et Belles-Lettres).
La perspective, qui, suivant la remarque d'un grand maître
(Léonard de Vinci, Traité de peinture, ch. 1), est la première
chose qu'un jeune peintre doive apprendre, était donc connue
dans la Grèce, à cette époque où les arts semblaient vannoncer
les pas rapides qu'ils allaient faire, où les malheurs mêmes de la