VITRUVE. LIV. VII.
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qui, lorsqu'Eschyle faisait connaître la bonne tragédie
faisait les décorations pour le théâtre d'Athènes, et laissa
le premier un travail sur cette matière. A son exemple,
Démocrite et Anaxagore écrivirent sur le même sujet;
ils ont enseigné comment on pouvait, d'un point fixe,
donné pour centre, si bien imiter la disposition natu¬
relle des lignes qui sortent des yeux en s'élargissant, qu'on
parvenait à faire illusion, et à représenter sur la scène
de véritables édifices qui, peints sur une surface droite
et unie, paraissent les uns près, les autres éloignés.
Un livre fut ensuite composé par Silenus sur les pro
portions de l'ordre dorique; un autre par Theodorus sur
le temple de Junon, d'ordre dorique, qui est à Samos; un
autre par Chersiphron et Métagène, sur celui de Diane,
d'ordre ionique, bâti à Ephèse; un autre par Phileos
sur celui de Minerve, d'ordre ionique, qui est à Priène;
un autre par Ictinus et Carpion, sur celui de. Minerve,
d'ordre dorique, bâti dans la citadelle à Athènes; un
autre par Theodorus, le Phocéen, sur le temple en forme
de coupole qui est à Delphes; un autre par Philon sur
les proportions des temples, et sur l'arsenal qu'il avait
fait au port du Pirée; un autre par Hermogène sur le
temple pseudodiptère de Diane, d'ordre ionique, qui
est à Magnésie, et sur celui de Bacchus qui est mono¬
ptère, bâti dans l'ile de Téos; un autre par Argelius sur
les proportions de l'ordre corinthien, et sur le temple
d'Esculape, d'ordre ionique, qu'il bâtit, dit-on, de sa
propre main, chez les Tralliens; un autre sur le Mau¬
solée par Satyrus et Phyteus, dont un véritable succès
couronna l'œuvre magnifique et sublime.
Ce chef-d'œuvre a mérité l'approbation de tous les
siècles qui n'ont cessé de louer et d'admirer le génie de
ceux qui avaient conçu l'idée d'un tel ouvrage, à l'exé¬
cution duquel ils prêtèrent une main si habile. Les faces
de ce monument furent entreprises par autant d'artistes,
Vitruve. II.