VITRUVE. LIV. I.
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blissement qu'éprouvent les corps pendant les chaleurs
de l'été, non-seulement dans les lieux malsains, mais
encore dans ceux qui ne le sont pas; tandis qu'en hiver
les contrées les plus malsaines cessent de l'être, parce
que le froid y purifie l'air. On remarque aussi que ceux
qui des régions froides passent dans les pays chauds,
ne peuvent y rester sans être malades, au lieu que ceux
qui quittent les climats chauds pour aller habiter les
froides contrées du septentrion, loin de souffrir de ce
changement, ne font qu'acquérir une santé plus ro¬
buste.
Aussi faut-il, à mon avis, lorsqu'il s'agit de jeter les
fondements d'une ville, s'éloigner des contrées dans les¬
quelles l'homme peut être exposé à l'influence des vents
chauds. Tous les corps sont composés de principes que
les Grecs appellent avoixsia, qui sont le feu, l'eau, la
terre et l'air; c'est du mélange de ces principes que la
nature y a fait entrer dans de certaines proportions, que
sur la terre est généralement formé le tempérament de
chaque animal.
Or, qu'un de ces principes, le feu, par exemple, vienne
à surabonder dans un corps, il affaiblit les autres et les
détruit. Tel est l'effet que produit sous certaines parties
du ciel, le soleil, lorsqu'il fait pénétrer dans un corps,
par les ouvertures que présentent les pores, plus de cha¬
leur qu'il ne doit en recevoir, eu égard à la proportion
des principes dont la nature l'a composé. De même si
l'humidité envahit les pores des corps, et vient à rompre
l'équilibre, les autres principes, altérés par l'eau, perdent
leur action, et l'on voit disparaître les qualités produites
par leur juste proportion. Des vents froids, un air hu¬
mide font naître aussi beaucoup de maladies. C'est en¬
core ce qui arrive, lorsque les parties d'air et de terre
(1) Eléments.