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NOTES DU LIVRE V.
grande voix est celle qui à beaucoup d'étendue; une belle voix
est celle dont les sons sont nets, justés et harmonieux,
On distingue génériquement les voix en deux classes voix
aigués, et voix graves; et l'on a trouvé que la différence générale
des unes et des autres était à peu près d'une octave; ce qui fait
que les voix aigués chantent réellement à l'octave des voix graves,
quand elles paraissent chanter à l'unisson. C'est de cette diffé¬
rence, c'est à-dire des sept degrés successifs par lesquels la voix
naturelle monte au son aigu, ou descend au son grave, que Vi¬
truve va s'occuper dans ce chapitre.
50. — Genera vero modulationum sunt tria. La science de la
musique est divisée par Aristoxène en sept parties :
1. Les sons
5. Les tons ou modes.
2. Les intervallés.
6. Les muances ou changements.
3. Les genres.
7. La mélopée.
4. Les systèmes ou accords.
Les anciens n'avaient que treize sons différents dans l'étenduc
de deux octaves :
si, si X, do, do , ré, mi, mi X, fa, fa sol, la, la X, si b :
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En tout cinq tons et demi.
Ainsi, les sons appelés si X, mi X, la X n'étaient éloignés du
si et du do, du mi et du fa, du la et du sib, que d'un quart de
ton, origine de leur genre enharmonique. Ce quart de ton, trop
difficile à sentir dans les accords, et sensible seulement dans quel¬
ques instruments, en jouant lentement, est inusité dans notre
musique.
La signification que les anciens donnaient au mot dièse, était
un quart de ton : les modernes l'ont désigné par une simple croix
X; et ce que nous appelons aujourd'hui dièse, étant le double
de celui des anciens, est marqué par une double croix
Ces treize intonations donnaient naissance aux trois genres
le ton au diatonique, le demi-ton au chromatique, et le quart de
ton à l'enharmonique.
Quelques-uns de ces sons étaient communs aux trois genres,
et quelques autres étaient particuliers à chacun des genres et
les caractérisaient.
Le si, le do, le mi, le fa, le la b et le ré se rencontraient dans
tous les genres; le si X, le mi X et le la X n'entraient que
dans l'enharmonique; le do et le fa n'appartenaient qu'au
chromatique ; le sol ne se trouvait que dans le diatonique. Par