NOTES DU LIVRE V.
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s'élevant au-dessus du faîte du toit qui couvrait les galeries, elles
étaient uniquement destinées à porter la grande voûte.
Dans beaucoup d'édifices modernes, on a placé aux côtés des
colonnes des pieds-droits qui portent les galeries, et qui rendent
cette partie beaucoup plus massive. Ce défaut n’existe pas dans la
basilique de Vitruve : les petits piliers qui portent les galeries,
sont placés derrière ces grosses colonnes, de manière qu'on
puisse à peine les apercevoir ; ils n’ôtent aux colonnes rien de
leur grâce et de leur légèreté. Le peu d'épaisseur de ces piliers
fait supposer à Galiani qu'ils sont adjacents aux colonnes, car le
mot post n'indique pas clairement qu'ils y doivent être attachés.
26.— Ita fastigiorum duplex pectinata dispositio. On ne com¬
prend pas trop bien ce que l’auteur a voulu dire par ces mots.
Perrault a cru qu'il entendait par là la double disposition du toit,
celle du dehors qui est en pente, et celle du dedans qui est en voûte.
Galiani ne peut comprendre comment on pourrait apercevoir
en dehors le frontispice du toit et celui de la voûte. Il croit
qu'extrinsecus tecti désigne les toits des portiques latéraux qui
forment chacun un demi-frontispice, et qu'interioris altæ testu¬
dinis désigne le frontispice triangulaire formé par le toit de la
grande voûte qui s'élève au-dessus de ces demi-frontispices,
d'autant plus qu’il paraît que l’épithète de altæ est expressément
jointe au mot testudinis, pour marquer la différence de hauteur
de tecti qui signisie ici les toits latéraux qui sont plus bas. Ce qui
confirme le plus dans cette opinion, dit de Bioul, c'est qu'à Ve¬
nise , l'église de Saint-François de la Vigne aux pères Francis¬
cains, celle du Rédempteur aux pères Capucins, et celle du grand
Saint-Georges, ont toutes dans le milieu un frontispice fort élevé
pour la grande nef, et plus bas deux demi-frontispices pour les
petites nefs latérales. Ces églises ont été construites d'après les
plans de Palladio, l'un des plus célèbres architectes, qui avait
surtout étudié les ouvrages des anciens, dont il existait encore
de son temps un grand nombre qui sont détruits aujourd'hui. Il
est probable que ce grand architecte aura pris pour modèle les
plus belles églises anciennes qui étaient bâties sur le plan des an¬
ciennes basiliques.
Et serait-il bien ridicule de penser que cette double disposition
des faîtes présentât ce que nous voyons dans quelques églises du
moyen âge, trois pignons, un grand au milieu, deux plus petits
aux deux côtés, ce que semblerait indiquer le mot pectinata, qui
signifie en forme de dents de peigne