NOTES DU LIVRE V.
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haut qu'en bas, à cause de l'augmentation des piédestaux. Mais
Vitruve donne ici une excellente raison de cette diminution des
colonnes d'en haut, dont nous trouvons des modèles dans l'anti¬
quité. Aux trois ordres de colonnes de l'amphithéâtre de Flavius,
la longueur du fût des colonnes inférieures est un peu plus grande
que celle du fût des colonnes supérieures; mais le théâtre de Mar¬
cellus présente un exemple bien plus frappant. A la façade, les
colonnes inférieures d'ordre dorique sont d’un neuvième plus
grandes que les colonnes supérieures d'ordre ionique. La régle
de Vitruve n a donc rien de singulier.
Galiani trouve qu'on ne voit pas clairement dans le texte si
c’est la hauteur ou la grosseur de la colonne qu'on doit diminuei
d’un quart. Ce doit être évidemment l’une et l’autre, puisque,
comme le fait observer Philander et Galiani lui-même, la hauteur
des colonnes est toujours relative à leur grosseur qui lui sert de
module. Partant, dit de Bioul, si les colonnes du rang supérieur
sont du même ordre que celles du rang inférieur, et qu'elles
soient d'un quart moins grosses, elles seront aussi d'un quart
moins grandes. Mais, comme l'usage est de faire les colonnes du
second rang d’un ordre plus délicat, si la diminution est faite
sur la bauteur, ces colonnes seront plus minces que les autres de
plus d’un quart. On peut d'autant moins douter que ce ne soit
à la hauteur que Vitruve entend que cette diminution soit faite,
qu’il dit expressément, dans le ch. 7 de ce livre, en parlant des
divers ordres élevés l’un sur l’autre pour décorer la scène : su
pra id pluteum columnae quarta parte minore altitudine sint quam
inferiores ; et un peu après il ajoute, que si l’on met trois ordres
l'un sur l’autre, les colonnes du troisième doivent être d'un quart
moins grandes que celles du rang du milieu : columnæe summa
mnedigrum minus altae sint quarta parte. On conçoit aisément que
les entre-colonnements des rangs supérieurs liennent plus de
l'aréostyle que ceux des rangs inférieurs.
10.— Basilicarum loca adjuncta foris. Les basiliques, appelées
regiæ ades ou porticus, parce que les rois y rendaient primitive¬
ment eux-mêmes la justice aux peuples, étaient des salles spacieu¬
ses construites autour du forum, pour l'administration de la
justice. Les premières paraissent avoir été élevées par M. Porcius
Caton le Censeur, l'an de Rome 566, ce qui leur sit donner le nom
de porciæe. Quand on y eut ajouté un tribunal pour les magistrats,
on les abandonna aux commerçants; puis les premiers chrétiens
les convertirent en églises. Par la suite on bâtit la plupart des
éelises sur le modéle des basiliques, qui différent des temples des