VITRUVE. LIV. III.
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Les colonnes doivent être plus menues par le haut de
leur tige que par le bas. Si elles sont longues de quinze
pieds, on divisera le diamètre d'en bas en six parties,
dont cinq seront données au bout opposé; si elles sont
de quinze à vingt pieds, le bas du fût sera divisé en six
parties et demie, dont cinq et demie constitueront le dia¬
mètre du haut des colonnes; pour celles qui ont de vingt
à trente pieds, le bas de la tige sera divisé en sept parties,
pour que six fassent le diamètre du haut. A l'égard de
celles dont la hauteur sera de trente à quarante pieds,
le diamètre d'en bas sera divisé en sept parties et demie,
pour que six parties et demie soient données à celui d'en
haut. Celles qui seront hautes de quarante à cinquante
pieds seront divisées en huit parties, dont sept forme¬
ront la grosseur du fût de la colonne, sous le chapiteau.
S'il en est de plus hautes encore, le rétrécissement devra
se faire dans la même proportion.
Telle est la gradation qu'il faut suivre pour la gros
seur des colonnes, à cause de l'illusion dans laquelle
tombe l'œil, en parcourant ces différents degrés d'élé¬
vation : car l'œil recherche le beau; et si l'on ne parvient
pas à le flatter par la justesse des proportions et l'aug¬
mentation des modules, si par là on ne remédie pas à
l'erreur dans laquelle jette l'éloignement des objets, un
ouvrage paraîtra toujours disproportionné et sera désa¬
gréable à la vue. Quant au renflement du milieu des
colonnes, appelé par les Grecs , jen donnerai
une figure à la fin de ce livre, en indiquant en même
temps la manière d'en tracer un profil doux et gracieux.
VI. Des fondements à faire, soit dans des terrains solides, soit dans des
terres rapportées.
Les fondements des colonnes doivent être creuses