255
VITRUVE. LIV. III.
pierres, et tous ceux qui ont été construits d'après les
mêmes règles.
Ces deux espèces sont défectueuses en ce que les
femmes qui montent au temple pour faire leur prière, ne
peuvent passer en se donnant le bras, par les entre-co¬
lonnements; il faut qu'elles se mettent à la file les unes
des autres. La vue des portes est encore cachée par le
rapprochement des colonnes, qui empêchent aussi de voir
les statues des dieux. Outre cela, il y a si peu d'espace
autour du temple, qu'il est impossible de sy promener.
Le diastyle est celui dont l'entre-colonnement est de
trois fois le diamètre d'une colonne : telle est l'ordon¬
nance du temple d'Apollon et de Diane. L'inconvénient
de cette disposition est que les architraves peuvent se
rompre à cause de la grandeur des intervalles.
Dans l'aréostyle, il est impossible de se servir d'ar¬
chitraves de pierres ni de marbre; on ne peut employer
que des poutres d'une seule pièce, ce qui donne à ces
sortes de temples une forme lourde, pesante, basse, écra¬
sée. On orne leurs frontons de bas-reliefs en terre à po¬
tier, ou en cuivre doré, à la manière des Toscans. Tel
est, auprès du Grand Cirque, le temple de Cérès, celui
d'Hercule, bâti par Pompée, le Capitole.
Il faut maintenant rendre compte de l'eustyle. Cette
sorte de temple mérite le plus notre approbation; elle
renferme toutes les conditions possibles de commodité,
de beauté, de solidité Ses entre-colonnements doivent
avoir deux fois et quart le diamètre d'une colonne. Tou¬
tefois un seul entre-colonnement, celui du milieu de la
facade antérieure et de la façade postérieure, doit avoir
la largeur de trois fois le diamètre d'une colonne. Cette
disposition embellit l'aspect du temple, en dégage l'en¬
trée, et facilite la promenade autour de la cella.
Voici les proportions qu'on doit suivre : la façade