VITRUVE. LIV. III.
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compas est appuyée sur le nombril, l'autre, en décri¬
vant une ligne circulaire, touchera les doigts des pieds
et des mains. Et de même qu'un cercle peut être figuré
avec le corps ainsi étendu, de même on peut y trouver
un carré : car si on prend la mesure qui se trouve entre
l'extrémité des pieds et le sommet de la tête, et qu'on
la rapporte à celle des bras ouverts, on verra que la lar¬
geur répond à la hauteur, comme dans un carré fait à
l'équerre.
Si donc la nature a composé le corps de l'homme de
manière que les membres répondent dans leurs propor-
tions à sa configuration entière, ce n'est pas sans raison
que les anciens ont vouiu que leurs ouvrages, pour être
accomplis, eussent cette régularité dans le rapport des
parties avec le tout. Aussi, en établissant des règles pour
tous leurs ouvrages, se sont-ils principalement attachés
à perfectionner celles des temples des dieux, dont les beau¬
tés et les défauts restent ordinairement pour toujours.
Et même les divisions des mesures dont on est obligé
de se servir dans tous les ouvrages, ils les ont emprun¬
tées aux membres du corps, tels que le doigt, le palme,
le pied, la coudée, et ils les ont réduites à un nombre par¬
fait que les Grecs appellent o : or, ce nombre par
fait établi par les anciens est dix. Les mains, en effet,
ont donné les dix doigts, les doigts le palme, le palme le
pied. La nature a voulu que les doigts des deux mains
fussent au nombre de dix, et Platon a pensé que ce
nombre était parfait, parce que de ces unités que les
Grecs appellent uováôss, est formée la dizaine : de sorte
que si on les porte à onze ou à douze, comme elles se¬
ront allées au delà, le nombre parfait ne se retrouvera
plus que lorsqu'on sera arrivé à l'autre dizaine, parce
que les unités sont les parties de ce nombre.