VITRUVE. LIV. III.
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chose à laquelle l'architecte doit apporter le plus grand
soin. Or, la proportion naît du rapport de grandeur que
les Grecs appellent avahoyla. Ce rapport est la conve¬
nance de mesure qui existe entre une certaine partie des
membres d’un ouvrage et le tout ; c'est d’après cette
partie qu’on règle les proportions. Car il n'est point
d'édifice qui, sans proportion ni rapport, puisse être
bien ordonné; il doit avoir la plus grande analogie avec
un corps humain bien formé.
Or, voici les proportions que lui a données la na¬
ture : le visage, depuis le menton jusqu au haut du
front, à la racine des cheveux, est la dixième partie de
la hauteur de l'homme; la paume de la main, depuis
l'articulation du poignet jusqu’'au bout du doigt du mi¬
lieu, à la même longueur; la tête, depuis le menton jus¬
qu’au sommet, forme la huitième partie; même me¬
sure par derrière; depuis le haut de la poitrine jusqu'à
la racine des cheveux, il y a une sixième partie, et jus¬
qu’au sommet de la tête une quatrième. La longueut
du visage se divise en trois parties : la première s'étend
dépuis le bas du menton jusqu'au-dessous du nez; la
seconde, depuis le dessous du nez jusqu'au haut des sour¬
cils, et la troisième, depuis cette ligne jusqu'à la racine
des cheveux, qui termine le front. Le pied a la sixième
partie de la hauteur du corps; le coude, la quatrième,
de même que la poitrine. Les autres membres ont aussi
leurs mesures et leurs proportions; c'est en les observant
que les plus célèbres peintres et sculpteurs de l'antiquité
ont acquis une réputation si grande et si durable,
Il en est de même des parties d'un édifice sacré : tou¬
tes doivent avoir dans leur étendue particulière des pro¬
portions qui soient en harmonie avec la grandeur générale
du temple. Le centre du corps est naturellement au nom¬
bril. Qu'un homme, en effet, soit couché sur le dos, les
mains et les pieds étendus, si l'une des branches d'un