VITRUVE, LIV. II.
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aplomb, et les crevasses font disparaître la beauté de
l'enduit. Ce que j'avais à dire sur les murailles et sur la
bonne ou mauvaise qualité des matériaux généralement
employés à leur construction, je l'ai dit aussi bien que
ai pu. Il me reste maintenant, comme l'indique la na¬
ture du sujet, à parler des planchers, des matériaux
propres à leur confection, et des moyéns de se les pro-
curer tels, qu'ils puissent être de longue durée.
IX. Des bois de construction.
Le bois de construction doit être coupé depuis le
commencement de l'automne jusqu au temps qui précède
les premiers souffles du favonius. Au printemps, tous
les arbres reçoivent leurs principes fécondants, et em¬
ploient la vertu de leur substance à produire toutes ces
feuilles, tous ces fruits que nous voyons chaque année.
Si les circonstances mettent dans la nécessité de les cou¬
per dans cet état de dilatation et d’humidité, leurs tissus
devenant lâches et spongieux, perdent toute leur force:
ils sont comme le corps de la femme pendant une gros¬
sesse; depuis le moment de la conception jusqu’à celui
de l'accouchement, il n'est point réputé en bonne santé.
Qu’on mette en vente une esclave enceinte, sa sante ne
sera point garantie : en effet, le fœtus, en se dévelop¬
pant, attire à lui, pour se nourrir, les sucs nourriciers
de la mère, et plus le fruit se fortifie en avançant vers
la mnaturité, moins il laisse de force au corps qui le pro¬
duit. Mais après les couches, les parties nutritives qui
auparavant servaient à l’accroissement d’un corps étran¬
ger, n'étant plus employées à alimenter cette production,
le corps de la femme les reçoit dans ses veines vides et
ouvertes, reprend de la solidité, grâce aux sucs qu'il
aspire, et redevient aussi bien portant qu'auparavant.