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les divers rapports qui donnent à sés ouvrages toutes les qualités dont nous venons de parler, et
leur impriment ce caractère de perfection que l'on doit aux anciens.
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On trouve toutes ces règles dans l'ouvrage de Vitruve. Les troisième, quatrième, cinquième et
sixième livres, nous montrent, dans le plus grand détail, les rapports de grandeurs qu'il doit y avoir,
enfin la hauteur; la largeur et la longueur d'un édifice; le rapport que l'étendue de ces parties prin-
cipales ont avec les moindres; tels que lés entre-colonnemens, la hauteur des colonnes, des enta-
blemens, etc. , ramenant toutes ces parties à l'unité par des plans simples et méthodiques. Certains
édifices, comme les temples, avoient différentes formes chez les anciens : les règles et les mesures
pour les construire étoient fixées et tellement précises qu'on ne pouvoit s'écarter en rien des prin
cipes établis. Il en étoit de même pour les théâtres. Aussi Vitruve, tant pour les uns que pour les
autres, entre dans les plus grands détails. L'architecte n'avoit, pour ainsi dire, qu'à copier en sui¬
vant exactement ce que l'auteur prescrivoit. Les autres édifices, tels que les palais, les maisons de
campagre, etc. , laissent un peu plus à faire au génie de l'architecte : les principes lui sont dictés
il est vrai , mais il doit en faire l'application, suivant l'étendue, la forme et l'usage de ces divers
bâtimens, où l'ensemble, la mesure, l'unité et l'ordre doivent se trouver comme dans les temples.
On pourroit donc dire qu'on entend, par l'ordonnance, la conception générale de tout l'ouvrage ;
car en ordonnant un édifice, pour qu'il forme un tout bien proportionné, il faut arrêter 1.° la
grandeur que chaque partie doit avoir ; 2.e les disposer d'une manière commode et agréable;
3. faire que cet arrangement produise un bel effet, par l'accord des parties entre elles , de sorte,
par exemple, que la partie droite ressemble à la gauche ; 4.° que le tout soit bien proportionné;
5.° que toutes ces parties soient arrangées d'après les règles de la convenance, de la raison et de
l'habitude ; 6.° comme on ne peut faire ces choses sans matériaux, il faut qu'on se les procure
avec le moins de dépenses qu'il sera possible ; on peut dire, en d'autres termes, que comme tout
cela doit se faire dans un espace donné, dont la forme et l'étendue sont arrêtées par les règles de
l'art, on doit économiser son terrain, ou pour parler comme Vitruve, sa quantité, de manière
que toutes ces parties s'y trouvent placées convenablement dans une grandeur suffisante, et former
un ensemble qui ait toutes ses proportions.
La connexion de toutes ces choses est donc bien visible. Il est impossible de faire l'ordonnance
d'un édifice sans les avoir en même temps toutes présentes à l'esprit. Ainsi j'ai raison de dire
que par l'ordonnance, on peut entendre la conception générale de tout l'ouvrage, et c'est assez
l'acception qu'on donne à ce mot, lorsqu'il s'agit de l'architecture ; par la quantité, comme nous
l'avons dit, on entend la portion de grandeur que contient chaque partie tant en longueur, lar¬
geur, qu'épaisseur. Pour proportionner entre elles et avec le tout , ces parties de différentes
grandeurs, on se sert d'une même mesure, qui est une grandeur prise dans une partie de l'ou¬
vrage. C'est presque toujours le diamêtre ou le demi-diamêtre de la colonne. C'est ce qu'on nomme
le module.
De la Disposition.
DANs l'architecture, le mot disposition a une signification qui lui est particulière, puisqu'il exprime
cette partie de l'art qui enseigne comme il faut placer chaque chose selon sa qualité. Par exemple
3.