L'ARCHITECTURE DE VITRUVE.
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cacher, et de 3éoo, eau, parce que l'eau s'y dérobe à la vue en s'écoulant. Ils se servoient de deux movens
pour faire marquer à leur clepsydre ces heures qui s'allongeoient ou qui diminuoient chaque jour :
le premier étoit de faire mouvoir le cadran de façon qu'il changeât tous les jours, tellement que le
mouvement de l'index étant toujours égal, il indiquoit des heures tantôt plus grandes, tantôt plus
courtes, suivant que les espaces qui se présentoient étoient plus grands ou plus petits. Vitruve apporte
deux exemples de cette sorte de clepsydre, savoir : la clepsydre de Ctesibius représentée dans la
planche XXV, et la clepsydre anaphorique, représentée planche XXIV, fig. 3.
La seconde espèce de clepsydre étoit celle où, sans changer de cadran, les heures étoient tantét
grandes, tantôt petites, par l'inégalité du mouvement de l'index qui dépendoit du tempérament qu'on
donnoit à l'eau, pour parler comme Vitruve. Ce tempérament se faisoit en augmentant ou diminuant
la grandeur du trou par lequel l'eau sortoit : ce qui faisoit qu'aux longs jours , où les heures étoient
plus grandes, le trou étant rapétissé, il tomboit peu d'eau en beaucoup de tems : par là l'eau mon-
toit lentement , et faisoit aussi descendre lentement le contrepoids par lequel tournoit le pivot
auquel l'index étoit attaché. Vitruve donne encore deux exemples de cette espèce de clepsydre,
savoir : la clepsydre des deux cônes, représentée par la figure 2 de la XXIV.né planche, et la
clepsydre à deux tympans, fig. 4 de la même planche.
Il serait très-difficile, pour ne pas dire impossible, de donner des figures qui représentassent d'une
manière bien exacte les diverses horloges dont parle Vitruve. Je n'ai pu m'empêcher cependant de
faire graver la clepsydre de Ctesibius , d'après la planche qu'en a donnée Perrault, tant cette
machine m'a paru ingénieuse. On voit qu'elle exécute une chose assez difficile, qui est de marquer
des heures différentes chaque jour, par la progression d'un mouvement toujours égal, produit par
l'eau qui tombe en tout tems dans la même quantité ; cela se fait au moyen d'une colonne qui
tourne sur son centre ; les heures sont marquées sur cette colonne et diversement disposées ; cha¬
que jour elle fait rencontrer celles qui conviennent, et les présente à un index qui est la baguette
que tient la figure de l'enfant ; cette figure soulevée par l'eau, monte insensiblement depuis le bas
de la colonne jusqu'en haut , dans l'espace d'un jour et d'une nuit : pour cet effet, la circonfé¬
rence de la colonne est partagée de haut en bas en douze parties égales, qui sont pour les douze
mois. La ligne A B et la ligne C D qui sont pour les jours des équinoxes, sont partagées en 24
parties égales, pour les heures équinoxiales, on prend le nombre d'heures que contient le plus
grand jour dans le lieu où la clepsydre doit être posée. Par exemple pour Rome, on prend environ
19 heures équinoxiales depuis A jusqu’à R, et suivant cette mesure, on partage les jours des
solstices G H, et E F, en deux parties, et on donne l'espace de 19 heures équinoxiales IH, au
jour du solstice d'été, et celui des 7 autres heures I G à la nuit. De même on donne l'espace de 7
heures équinoxiales S F au jour du solstice d'hiver E F, et l'espace de 19 ½/ heures E S à la nuit;
cela fait , on partage tous ces jours et toutes ces nuits chacun en 12 parties égales, et par ces
divisions on tire des lignes qui règlent toutes les heures pour tous les jours de l'année. La petite
figure s'élève dans un mouvement très-égal pendant 24 heures, alors elle descend en un instant,
et la colonne tourne d'un degré ; tout cela se fait par un moyen très - ingénieux, représenté et
expliqué dans la XXV.e planche.