LIVRE VIII, CAP HA
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appelé Xante (1), la rivière qui arrose leurs campagnes: les vaches qui naissent
le long de ses rives étant toujours rousses, et les moutons bruns (2) On rencontre
aussi des eaux dont l'usage est aussi pernicieux que mortel, à cause des sucs vénimeux
que contient la terre sur laquelle elles coulent : telle étoit, à ce qu'on dit, cette
fontaine de Terracine, appellée la fontaine de Neptune; ceux qui buvoient par mégarde
de son eau, mouroient sur le champ, c'est pourquoi on la combla autrefois; tel étoit
aussi un lac près de Cichros, dans la Thrace; non seulement ceux qui buvoient de
ses eaux mouroient, mais même ceux qui s'y altoient laver. Il existe encore, dans la
Thessalie, une fontaine ombragée par un arbre qui porte des fleurs de couleui
pourpre; aucun troupeau ne veut boire de ses eaux, et les animaux, de toutes espèces
n'osent en approcher. On voit de même en Macédoine, près du tombeau d'Euripide
deux ruisseaux qui coulent, l'un à droite et l'autre à gauche du monument, et réu-
nissent ensuite leurs eaux. L'eau d'un de ces ruisseaux est si bonne, que tous le
voyageurs s'arrêtent pour s'y rafraîchir; mais personne n'approche de celle qui coule
de l'autre côté, parce qu'elle a la réputation d'être très-pernicieuse.
Dans la partie de l'Arcadie nommée Nonacris, certaines montagnes distillent une
eau très froide que les Grecs appellent stygos hydor (3); aucun vase, soit d'argent
soit de cuivre ou de fer, ne peut la retenir, parce qu'elle saute dehors et se disperse
on ne peut la retenir et la conserver que dans la corne du pied d'un mulet. Antipater
fit porter, dit-on, de cette eau, par son fils lolas, dans la province où se trouvoit
Alexandre, et elle servit de poison à ce roi. Dans les Alpes, au royaume de Cottus.
il y a encore une eau qui fait mourir subitement tous ceux qui en goûtent. Au
pays des Falisques, près du chemin qui conduit à Naples, dans un bois qui se trouve
au milieu d'un champ appelé Cornetus, il sort une fontaine dans laquelle on voit
des os de serpents, de lézards et d'autres bêtes vénimeuses.
(1) Eavsôg en grec signifie la couleur jaune, blonde
en parlant de la couleur des visages hâlés, et de celle
ou rousse.
des vins qui ne sont ni tout -à-fait blancs, ni tout-à¬
() Il est assez difficile de décider quelle est cette cou
fait rouges ; ils la nomment fuscus color : c'est dans ce
leur nommée en latin leucophœus. Pline dit que ce mê¬
sens qu'Ovide dit fuscantur corpora campo, et que le vin
lange de la rubrique, du sil jaune et de la meline don
de Falerne est appelé fuscum par Martial. Il suit de là,
on composoit la couche qu'on appliquoit sur le bois
que la couleur nommée fuscus par les anciens, ressemble
pour dorer, fait le leucophœum. La difficulté est dan¬
à celle des visages hâlés, ou à celle de ces vins d'Es
la signification du mot grec oaè que les grammairien
pagne ou du midi de l'Italie qui sont d'un jaune foncé
rendent par le mot latin fuscus ; ils disent : Fuscus est coloi
ressemblant assez à celui du visage hâlé des habitans de
subniger, c'est-à-dire brun, sans spécifier quel brun
ces contrées.
ils entendent. Les auteurs latins se sont mieux expliqués,
(3) C'est -à-dire , eau de tristese.
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