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près sous le cours du soleil; sont presque dépourvues d'eau, et n'ont que fort
peu de fontaines et de rivières , on en doit conclure que les meilleures sources
sont celles dont les eaux s'écoulent vers le septentrion, ou l'Aquilon; à moins qu'elles
ne passent par quelqu'endroit sulphureux, alumineux ou bitumineux ; alors elles
changent de qualité, et les eaux de ces fontaines, soit, qu elles fussent chaudes ou
froides, ont toujours une mauvaise odeur, et un goût désagréable; car il ne faut
pas croire qu'il y ait des eaux qui soient chaudes de leur propre nature ; celles
qui le sont, ne s'échauffent qu'en passant par quelqu'endroit brûlant ; la preuve en
est, que ces eaux , qui sortent bouillantes des veines de la terre, ne conservent
pas long temps leur chaleur, et deviennent bientôt froides. Si cependant elles étoient
naturellement chaudes, elles ne se refroidiroient jamais , et conserveroient cette
chaleur, comme elles conservent leur goût, leur odeur et leur couleur ; parce que
la nature subtile de cet élément, se mêle et s'impregne fortement des matières qui
causent ces effets.
REMARQUES.
L'AUTEUR, dans ce chapitre, répête à - peu - près ce qu'il a déjà dit dans le sixième du pre¬
mier livre; sur les causes qui produisent les vents. L'air, comme on sait , est un fluide compres
sible qui se dilate par le chaud, et se condense par le froid. Quand une partie de l'atmosphère
séchauffe, ou se refroidit, il se fait un mouvement de translation de l'air, par laquelle une partie
assez considérable est poussée d'un lieu dans un autre, avec plus ou moins de vitesse ; c'est ce
qu’on nomme le vent. Vitruve a donc raison de dire que la chaleur du soleil occasionne dans l'ai
chargé de beaucoup d’humidité, l’expansibilité de ce fluide, qui pousse celui d'alentour, qui n'est
pas raréfié : mais l'attraction qu'il attribue à la raréfaction de l'air n'existe pas.
Si dans quelque partie de l’atmosphère , la chaleur du soleil occasionne l'expansibilité de l’air, et
que dans une autre partie , il se trouve condensé, l'air qui se trouve entre eux, poussé par celui
qui se raréfie, se portera vers celui qui se condense : tellement que toute l'impulsion de l'air rarésié
agit vers l'endroit où la condensation se fait; parce que l'espace qu'occupoit l'air avant d'être con¬
densé, dévenant moins rempli par la condensation, donne place à celui qui est pousséspar l'ai¬
raréfié; ce qui paroît une attraction, quoiqu'en effet cela détermine seulement le lieu vers lequel
l'impulsion se fait.
Presque tous les corps liquides, exposés à la chaleur de l'air, se décomposent; alors les parlies
les plus volatiles se dégagent des plus pesantes, et s'élèvent peu-à-peu dans l'atmosphère. L'éva¬
poration de l'eau est la plus abondante de toutes. De ce fluide, répandu sur toute la surface du
globe, qui occupe la vaste étendue des mers, il s'élève sans cesse une quantité de vapeurs. L'hy¬
drogene, le plus léger de tous les fluides ponderables, qui l'est treize fois plus que l'air que nous
respirons, est une des parties constituantes de l’eau. Dès que la chaleur agit sur celle-ci, et en
décompose une partie, l'hydrogène se dégage : plus léger que l'air atmosphérique, il s'élève et
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