L'ARCHITECTURE DE VITRUVE
288
ment peridromidas (1). De même les Grecs appellent prothyra (2), les vestibules qui
sont devant les portes : tandis que prothyra signitie, parmi nous, la chose que les
Grecs nomment diatyra (3). Nous nommons aussi telamones (), les ligures d'hom¬
mes qui soutiennent les mutules ou les corniches; nom qui n'a aucune origine dans
l'histoire ; les Grecs appellent ces figures atlantes. Les historiens représentent Atlas
soutenant le ciel ; parce qu'il a le premiér enseigné aux hommes, quel étoit le cours
du soleil et de la lune, le lever et le coucher des étoiles, et tous les mouvemens
du ciel ; son grand génie lui avoit découvert toutes ces choses. En reconnoissance
de cela, les peintres et les sculpteurs le représentoient soutenant le ciel sur ses
épaules. C'est aussi pour la même raison qu'on a placé ses filles Atlantides, au nombre
des étoiles : les Grecs les nomment les Pleyades (5), et nous autres les Vergiles (6).
Mon dessein toutefois n'est pas de changer les noms établis par l'usage, ni de réfor¬
mer la langue : j'ai seulement voulu apprendre aux curieux les différentes significa¬
tions de ces mots
Nous avons fait connoître les plans et la manière de construire les édifices tant en
Italie que dans la Grèce ; nous avons prescrit les rapports qui doivent se trouver
entre leurs diverses proportions. Nous n'avons donc plus rien à dire sur ce qu'il
convient de faire pour leur donner une forme agréable; il nous reste présentement
à parler de la solidité de leur construction , et des moyens qu'on emploie pour les
faire subsister long-temps dans un bon état.
REMARQUES.
La différence qui existoit entre les mœurs grecques et romaines, cause celle que nous voyons
dans la manière de distribuer les habitations de ces deux peuples. La principale, c'est que chez les
Grecs, le quartier des femmes est absolument séparé de celui des lommes, ce qui fait, pour ainsi
dire , deux maisons placées à côté l'une de l'autre.
« Les Grecs, dit Cornelius Nepos (7), regardent comme contraire à l'hônnêteté, plusieurs usages
« qui sont parmi nous dans les règles de la bienséance : y a-t-il, par exemple, quelque Romain
« qui se fit un déshonneur de mener sa femme au festin ? N'est-il pas d'usage que les dames
(7) Contra ea pleraque nostris moribus sunt decora quae apud illos tur¬
(1) Promenoirs.
pia putantur ; quem enim Romanorum pudet, uxorem ducere in convicium:
(a) et (3) Par Atabvov en grec et par prothyra en la
aut cujus materfamilias non primum locum tenet adium , atque in cele¬
tin, on entend une avant-porte, ou une barrière.
britate versatur? quod multo fit aliter in Græcid ; nam neque in concisium
adhibetur, nisi propinquorum ; neque sedet nisi in interiore parte adium,
(4) Souffrans.
qua ginæconitis appellatur : quo nemo accedit, nisi propinqua cognatione
(5) Qui montrent le temps propre à la navigation.
conjunctus,
Qui annoncent le printemps.
romaines