LIVRE VI, CHAP. III.
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bâtimens qui les entourent sont très-peu élevés ; ils n'ont que le rez-de-chaussée ; dans les murs
de la galerie , sont les portes des appartemens. On y voit aussi quelques petites ouvertures assez
éleyées qui étoient les fenêtres, qui ne ressembloient pas aux nôtres. Il paroît que les Romains
dans l'intérieur de leurs maisons, préféroient l'obscurité à la lumière, sans doute pour éviter la
chaleur. Ils ne prenoient non plus jamais le jour sur la rue ; mais toutes leurs fenêtres étoient dans
lintérieur : ainsi ces toits avancés garantissoient de la pluie les portes et les fenêtres, et empê¬
choient les ravons du soleil de pénétrer dans les appartemens. Les gravures de Galiani nous don¬
nent une idée assez exacte de ces cours des anciens. Il les représente très-pelites, sans savoir
précisément ce qu'étoit le compluvium ; il le représente au milieu de la cour, comme étant l'espace
où tomboit l’eau des pluies ; mais il n'indique pas l'enfoncement.
Perrault, au contraire , représente ces cours entourées de grands bâtimens, ayant un étage au¬
dessus du rez-de-chaussée, avec de grandes croisées, tant dans le bas que dans le haut, semblables
à celles de nos plus grands hôtels. On ne voit rien qui ressemble à cela dans les bâtimens qui ont
été découverts jusqu’à présent à Pompeia. Il est vrai qu'on n'a encore découvert qu'une rue et un
quartier , qui se trouvoient l'un et l'autre aux extrémités de la ville, et faisoient presque partie des
faubourgs. Ce n'est pas là où se trouvent ordinairement les grands édifices. Il se peut que quand
on dirigera les fouilles vers le centre de cette ancienne ville, on découvrira des édifices plus consi-
dérables. Mais d'après la hauteur, que Vitruve assigne, dans le chapitre suivant, aux galeries qui
entourent les cours, je suis persuadé que les cours des plus grandes maisons ne seront pas beaucoup
plus vastes que celles des maisons des faubourgs. Puisque la hauteur de ces galeries jusqu'au faîte du
toit doit égaler toute la longueur de la cour, on sent que cette hauteur pouvoit devenir excessive
si les cours avoient été un peu grandes, et qu'il seroit même impossible de faire des galeries aussi
hautes; d'ailleurs la plus grande longueur qu'il assigne aux cours est 100 pieds.
Je vais présentement rendre compte des interprétations que j’ai données aux mots qu’emploie
Vitruve, pour désigner les différens objets qui entroient dans la construction des cours des anciens.
Je commence par la cour Toscane, qui devoit avoir cette forme. Voyez la r.re fig. de la XXI.me planche.
La pente du toit BBBB devoit former une saillie considérable en avant du mur, comme on le
verra dans le chapitre suivant. C'est pour cela qu'on le faisoit soutenir par quatre poutres.
Les deux plus courtes CC, CC, traversoient la largeur ; trabes in atrii latitudine trajecta : les
deux autres qui étoient plus longues, DDDD, traversoient la longuenr; il les nomme interpensiva;
elles s'appuvoient sur les deux premières. Ensuite les noues, où égoûts des noues (colliquiæ) FB
FB étoient soutenues par les chevrons, et ceux-ci par des pièces de bois nommées coyaux, qui
posoient sur les angles EE du mur , et sur la croix formée par les poutres. D'autres chevrons
appuyés sur le mur et sur les quatre poutres, soutenoient le toit qui regnoit tout autour et venoit
verser ses eaux dans le réceptacle compluvium ou impluvium A, qui étoit au milieu de la cour.
Il est étonnant comment M.r Galiani a pu aussi bien interprêter ce passage, sans avoir vu les
cours anciennés qu'on a découvertes depuis à Pompeia; il n'a pourtant pas indiqué l'enfoncément du
compluvium qu'il ne pouvoit connoître ; et comme au-dessus du compluvium, il n'y avoit pas de