L'ARCHITECTURE DE VITRUVE.
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vers l'entrée du fourneau : par ce moyen, la flamme se répand plus facilement sous
le pavé : on élève sur le pavé des piles avec des briques de huit pouces, qu'on
espace et arrange de manière qu'elles puissent soutenir des carreaux de deux pieds.
Ces piles auront deux pieds de hauteur, et seront maçonnées avec de l'argile, mêlée
avec de la bourre ; elles porteront, comme on a dit, des carreaux de deux pieds
sur lesquels sera le pavé.
Quant aux voûtes des bains , le mieux est de les maçonner en pierre ; mais si
elles sont en charpente, il faut les garnir et lambriser de poterie de la manière sui¬
vante. On fait des tringles ou des arcs de fer qu'on attache à la charpente avec des
crampons de la même matière, placés près les uns des autres, de façon que les car¬
reaux de poteries puissent se poser sur deux arcs ou tringles de fer sans les débor¬
der ; tellement que tout le lambris ne forme qu'une seule voûte, soutenue par du
fer; on étend au -dessus de ce lambris un enduit d'argile mêlée avec de la bourre,
et par-dessous, sur le côté opposé qui regarde le pavé, on en met un autre composé
de chaux et de ciment qu'on recouvre de stuc ou de quelque autre enduit. Il con¬
vient qu'au-dessus des bains chauds, il y ait une double voûte, pour que la va¬
peur qui pénêtre se dissipe dans l'intervalle qui les sépare et ne pourrisse pas aussi
vite la charpente.
On doit proportionner la grandeur du bain, d'après la population, et lui donner
les dimensions que voici : la largeur, non compris le reposoir qui est autour de la
baignoire et de la loge, doit avoir un tiers moins que la longueur. Le bain doit être
éclairé par en haut, afin que l'ombre de ceux qui sont à l'entour n'intercepte pas la
lumière. Il faut que l'espace qui entoure le bain , soit assez large pour contenir ceux
qui attendent que les premiers venus qui sont dans le bain, en sortent.
La loge depuis le mur jusqu'à la cloison ne peut avoir moins de six pieds de large,
parce que le degré inférieur et le coussin en emportent deux.
Le laconicum et son étuve pour faire suer, doivent être auprès de la chambre tiède;
(1) la largeur du laconicum doit égaler sa hauteur jusqu’à l'endroit où commence la
convexité de sa voûte qui forme un hémisphère : au milieu de cette voûte, on doi
laisser une ouverture pour y suspendre avec des chaînes un bouclier d'airain, par
le moyen duquel en le baissant ou haussant , on pourra augmenter ou diminuer la
chaleur qui fait transpirer. Il faut qu'il forme une rotonde, pour que la vapeur chaude
se répande également dans le milieu et tout autour.
() Voyez nos remarques à la fin du chapitre suivant.
REMARQUES.