LIVRE III, CHAP. III.
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également quatre cinquièmes de 16 , c'est-à-dire 13 ; et non pas 10. D'après cette explication la
hauteur des marches n'est plus disproportionnée avec leur largeur : il n'y auroit rien d'étonnant qu'il
fixât leur hauteur à 12 pouces, ou 13 d'un pied divisé en 16 pouces.
Quelques temples étoient entièrement entourés de plusieurs rangs de degrés, d'autres n'en avoient
qu'au frontispice ; il étoit alors nécessaire de faire un accoudoir ou balustrade d'appui qui régnoit
des trois autres côtés, pour empêcher qu'on ne tombât de la masse de maçonnerie , sur laquelle le
temple étoit bâti, et qui étoit aussi haute que toutes les marches. Quoique le texte porte que ce
balustre règne des trois côtés du temple, il s'en trouvoit qui n'en avoit que des deux côtés; lors¬
qu'ils avoient des portes par-devant et par-derrière, ayant chacune leur escalier. Ce balustre ou para¬
pet ressembloit à un piédestal continué de la longueur de tout le temple : souvent les piédestaux
ou stylobates posoient immédiatement sur la terre et s'élevoient aussi haut que l'escalier jusqu'à la
plate-forme ou pavé du temple, tellement que les colonnes posoient sur les piédestaux et sur le payé,
Souvent aussi le pavé étoit porté par un socle simple de la grandeur du temple ; si l'on vouloit
alors élever les colonnes sur des piédestaux, ces derniers étoient posés sur le pavé ; et dans l'inter¬
valle d'un piédestal à l'autré, se trouvoit le balustre d'appui (podium) qui avoit exactement les mêmes
parties et proportions que le piédestal ; comme on le voit dans le texte, où toutes ces parties sont
nommées en commençant par celles d'en bas. La 4.' fig. de la XIII.' planche représente ces pié¬
destaux avec le podium ou balustre d'appui dans chaque intervalle.
Les anciens ne faisoient ordinairement qu'un seul piédestal continu sur lequel portoient toutes les
colonnes, quelque fût l'étendue du bâtiment ; néanmoins lorsque Vitruve parle des piédestaux des
colonnes, ou stylobate, c'est toujours au pluriel, sans doute parce que ce stylobate servant à plu¬
sieurs colonnes , représentoit une suite de piédestaux qui auroient été placés les uns à côté des
autres. On ne peut douter de cela , après les exemples que nous offrent divers monumens anti¬
ques, et d'après le texte même de Vitruve ; car il indique les différentes manières d'espacer les
colonnes, et ne dit rien à cet égard pour les piédestaux, parce qu'on ne faisoit qu'un seul piédestal
continu qui étoit le même pour toutes les espèces d'entre-colonnemens.
Cependant d'après le texte même, il paroît qu'on désignoit, dans ce stylobate, chaque piédestal par
une saillie ; il semble du moins qu'on ne peut interpréter autrement le passage où il dit qu'il faut
faire saillir chaque stylobate en forme d'escabeau, parce que s'ils étoient tout d'une venue trés à
la file, ils ressembleroient à un canal. A la fin de ce livre se trouvoit une figure qui indiquoit la
manière de disposer ces stylobates en forme d'escabeaux, scamillos impares ; elle est perdue avec
toutes les autres, et c'est une de celles que nous devons le plus regretter. Il est incroyable com¬
bien de peines se sont données différens auteurs, tant pour remplacer cette figure, que pour expli¬
quer ce passage du texte qu'ils ont tous avoué être très-obscur. Ceux qui désirent connoître la chose
plus amplement, doivent avoir recours au traité que Berardin Baldi a écrit tout exprès sur ce sujet.
Quant à moi je trouve très-probable que Vitruve a entendu, par-là, les saillies qui se font dans
le stylobate sous chaque colonne, et qui paroissent former autant de piédestaux qu'il y a de colon¬
nes. (Voyez la 4.e fig. de la XIII.e planche.) Si un long piédestal , pour une grande suite de
colonnes, étoit tout d’une venue, la saillie de sa corniche et celle de sa base qui enferment son
tronc enfoncé au milieu de ces deux parties, lui donne la forme d'un canal, (alveolatus.) Il n'en