PRÉFACE
parmi tous les individus qui la composent, ils choisirent ce qu'il y avoit de mieux.
Des diverses beautés qu'ils y trouvèrent disséminées, ils formèrent, en les réunis¬
sant, ce beau idéal qui n'existe pas dans la nature, et qui est bien plus parfait qu'elle.
On établit des règles d'après lesquelles on connut ce qui formoit l'essence de la beauté,
et l'on trouva que le rapport des proportions y contribuoit le plus. Ces rapports une
fois trouvés pour former de belles statues, on appliqua les mêmes principes pour
perfectionner l'art de bâtir. Aussi, comme le remarque Vitruve, toutes les propor-
tions de l'architecture ont été prisés sur celles du corps humain. Les Grecs ayant formé
pour représenter leurs dieux, des statues d'une beauté parfaite, ils construisirent des
temples pour les y placer, d'après les mêmes principes.
Le beau siècle de Périclès vit fleurir à la fois tous les aris dans la Grèce. Léloquence,
la poésie, la peinture et la sculpture produisirent des chefs-d'œuvre. On vit s'élever dans
le même temps des temples magnifiques et autres édifices dont on ne se lasse pas
d'admirer les proportions. Les Grecs revinrent aux excellens principes qu'ils tenoient
des Égyptiens. Parmi les décorations capricieuses qui caractérisent les ornemens de la
colonne égyptienne, ils choisirent les trois genres qui leur plurent davantage pour
former les trois ordres de leur architecture. Ils continuèrent par la suite à cultiver
cet art, en s'écartant un peu cependant des bons principes qu'ils avoient établis.
Les Romains à leur tour les puisèrent chez les Grecs, à qui ils devoient également
la connoissance des autres arts et des belles-lettres. « Souvenez vous, écrivoit Cicéron
» à Quintius, que vous commandez à des Grecs qui ont civilisé tous les peuples, en
» leur enseignant la douceur et l'humanité, et à qui Rome doit les lumières qu'elle
» possède. »
Lorsque les Romains cultivèrent l'architecture, les règles de cet art étoient établis
depuis long-temps. On avoit fixé ses proportions qui étoient le résultat d'une insinité
de combinaisons, et des pensées sublimes dont étoient remplis ceux qui avoient cul-
tivé les arts dans les siècles où ils furent les plus tlorissans.
Les architectes romains ne s'écartèrent pas de ces règles. C'est d'après les propor¬
tions qu'elles établissoient, qu'ils construisirent tous les édifices de Rome; il étoit