DE VITRVVE.
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des Machines, donnant par mes escrits les moyens pour les faire,
& s'en seruir en toutes occurrences.
Quelle chose est machine, & de la difference qu'il y a entre orga¬
ne & elle, mesmes de son commencement, inuenté par
neceßité. Chap. I.
Achine, est vne ferme conjonction ou assemblage
de pieces de charpenterie, ayant vne singuliere
merueilleuse force à l'endroit du mouuement
des fardeaux.
Ceste là se conduit par roulements de choses
circulaires artistement mises en œuure, & les
Grecs nomment celà Ciclyce cinésis.
Or en est il vhe espece propre à monter, laquelle se dit entre
iceux Grecs Acrouatique.
Plus il s'en void vne autre spirituelle, c'est à dire faisant ses ef¬
fects par l'air ou vent qui s'entonne dedans, & en leur langue sap-
pelle Pneumatique. Et si en auons encores vne troisieme pour ti¬
rer, qu'ils expliquent par Vanausos.
La propre à monter est quand on a dresse l'Estamperche auec
ses Arcsboutas, & qu'on les a joincts par ttauersans entés dedans
les mortaises ; si que les ouuriers peuuent sans peril se guinder a¬
mont pour faire les appareils du ieu.
La spirituelle est tout instrument qui faict entendre certaines
resonnances organiques, au moyen des attractions & ex pressions
de l'air, contrainct à entrer & fortir de son corps.
Et la commode à tirer; est tout engin par qui les fardeaux se
peuuent tranfporter de nieu en autre, mêfmes afieoir haut où il en
est béloing,apres lès auoir mis en l'air.
Auregard donc de la machine propre à moter, elle ne se peut
attribuer gloire de grand attifice, mais feulement audace,con-
fiderem que son tout est contenu en assemblage de membrures, en¬
trétoises, tortillements de cordagés, & loustenements par con¬
tréforts.
Mais linstrument qui acquiert vigueur par l'esprit de lair,en-
trant en fa concauité fait voir de beaux effects de soy-causes par
subtiités d'industrie.
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