SIXIEME LIVRE
168
Pont qui est en Asie la mineur, autrement en ceste ville de Ro¬
me, & ainsi consequemment en toutes autres prouinces, selon
leurs inclinations naturelles, suyuant lesquelles faut bastir en di¬
uerses manieres. La raison est, que la terre est par vn costem battue
du cours du Soleil, de l'autre il en est bien loing, & en son milieu
elle est plus temperee. Acenste cause ainsi que la constitution du
ciel est par differentes qualites naturellement colloquene sur ce¬
ste masse assubjectie aux influences du cercle dit Zodiaque,
par où le Soleil fait son cours ordinaire: ainsi semble il que lon
doit conduire les assiettes des bastiments suyuant les diuersi¬
tés du ciel; &la propricté des regions ou lon les veut a
115125
uoir.
Sous le Septentrion donc, par aucuns appellé le Pole, & par
d'autres le Nort, ou Transmontane, les bastiments doyuent estre
voutés, clos de bonne muraille, sans gueres d'ouuertures, & en¬
cores celles la estroittes, & cournces deuers les chaudes parties
du Ciel.
Au contraire, ou le Soleil est violent, comme aux regions Me¬
tidionales, qui sont tormentees de la chaseur, ces ouuertures se
veulent tenir amples, en grand nombre, & tournees deuers le¬
dit Septentrion, on le vent Aquilon, que lon appelle Bize, à fin
de lubuenir par industrie à ce que Nature blesse de son bon
gré.
Semblablement en tous autres climats & prouinces les mai¬
soniages se doyuent temperer selon que le Giel est dispose pour
venuover ses influences: & faut confiderer cela en examinant le
naturel des chofes, & en obseruant les membres des personines:
car aux pais où ledit Soleil jecte moyennement ses vapeurs; ily
conserue les corps en bonne temperature: mais en ceux qu il cuit
& quasi brusse par faire son cours trop prochain de leurs, terres,
en succant il attire la tem perature de leurs humeurs: qui au con¬
traire ne sont desseichees par sa violece en regions froides, pour¬
ce que leur sitnation est fort essoighee du Midi: dont il aduient
qu'yn air plein de roseę, faisant penetrer son humiditem dedans les
corps, par ce moyen les rend de stature plus gtand, & es sons de
la voix plusigros.
Qu il soit ytay, il se nourrit sous le Geptentrion des gents de
corpulencem ex cessite, blanes dem charniure, ayans les cheueux pen¬
dans roux ou blonds, lesyeux pers; ≈ qui d'auantage sont fort
sanguins