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Remarque quatrième.
24. Puiſque tous les points d’apui qui ſoûtiennent la pouſſée d’une
Voûte ſe
rencontrent poſitivement ſous la queuë des contreforts,
on voit qu’en conſtruiſant
les fondemens on ne ſauroit les faire trop
ſolides en ces endroits-là; c’eſt pourquoi je voudrois qu’ils fuſſent
compoſés des plus gros quartiers de
pierres poſées ſur deux rangs
de madriers, quand même le terrain ſur lequel ou
voudroit aſſeoir
la Fondation paroîtroit ferme; puiſqu’il n’y a point à douter que la
Voûte, ſi elle eſt maſſive, ne cauſe par ſa
pouſſée quelque af-
faiſſement à l’extrêmité des contreforts: il paroît même que pour
plus de ſûreté on ne feroit pas mal de faire les fondemens
des con-
treforts d’un pied & demi ou deux pieds plus longs que les contre-
forts mêmes, donnant auſſi beaucoup
de retraite ſur les côtés, afin
d’avoir de grands ampâtemens, qui allongent le bras
de lévier & fortifient le point d’apui. J’ai vû un Magaſin à poudre dont la Voûte
s’eſt fenduë des deux côtés au milieu
des reins depuis un pignon
juſqu’à l’autre, peu de tems après avoir été bâti,
quoique les dimen-
ſions des piés-droits & des contreforts fuſſent beaucoup au-deſſus
de celles qu’il auroit falu pour en
ſoutenir la pouſſée, & que la Ma-
çonnerie fut fort bonne; ayant examiné de quelle part cela pouvoit
provenir, je me ſuis aperçû que le
terrain au-deſſus des fondemens
de la queuë des contreforts avoit flêchi, au lieu
que cela ne ſeroit
pas arrivé ſi l’on avoit mis deux ou trois bons madriers l’un
ſur l’au-
tre pour aſſurer le point d’apui.
Les Ingenieurs qui ont beaucoup d’experience ſentiront mieux
que perſonne la
conſéquence de cette remarque, non-ſeulement au
ſujet des contreforts; mais encore pour tous les autres fondemens
qui doivent ſervir de point d’apui: auſſi voit-on que M. de Vauban
en fortifiant le neuf Briſack a aſſuré le bord des fondemens de tous
les revêtemens de Maçonnerie par un rang de madriers qui regne le
long du
pourtour de chaque ouvrage.