PRÉFACE.
III
que nous ouvre la comparaison attentive des conquêtes de
la science. Enoncer, sous la forme de principes ou de lois,
les résultats qui se déduisent de l’ensemble des faits acquis,
n’est autre chose que mettre en lumière l’harmonie de
ces faits eux-mêmes. Les théories ainsi fondées organisent
les données fournies par l’observation et animent la science
elles en rendent l’étude plus facile et plus attrayante ; sou
vent elles contribuent encore à diriger et à féconder les
travaux de recherches. En repousser l’emplói, ce serait
donc priver la zoologie d’un instrument puissant et né
cessaire.
Si le raisonnement était insuffisant pour prouver toute
l’importance des doctrines dans les sciences d’observa
tion, j’en appellerais à l’expérience des temps passés, et
l’histoire des progrès de la zoologie me fournirait d’écla
tantes preuves de cette vérité. Nos plus grands maîtres se
sont appliqués à établir des théories aussi bien qu’à con
stater des faits, et les principes qu’ils ont posé ont exercé
sur la marche de nos études une influence forte et salu
taire. Ainsi, chacun sait quel immense service de Jussieu
rendit à la zoologie aussi bien qu’à la botanique, lorsque,
introduisant dans la science la loi de la subordination des
caractères, il créa les méthodes naturelles. Cuvier, cet
esprit sévère qui repoussait avec une sorte d’effroi toute
spéculation hasardeuse, comprit de bonne heure la puis
sance des vues théoriques; et en posant le principe de la
coordination nécessaire des organes, il arma la zoologie
d’un levier nouveau, à l’aide duquel nous l’avons vu plus
tard reconstruire pièce à pièce les organismes qui ne sont
plus et caractériser les faunes dont la destruction a pré
cédé l’existence de l’homme sur la terre. Les brillantes
conceptions de Gœthe, de de Candolle et de Geoffroy