LIVRE III. 
Al'égard les unes des autres ce que celles du corps d'un homme bien formè sont, estant com¬ CH AP. I 
parées ensemble. 
Le corps humain a naturellement & ordinairement cette proportion que le visage qui 
comprend l'espace qu'il y a du menton jusqu’au haut du front où est la racine des cheveux, 
en est la dixième partie: la mesme longueur est depuis le ply du poignet jusqu'à l'extremité 
du doigt qui est au milieu de la main: Toute la teste, qui comprend ce qui est depuis le 
menton jusqu' au sommet, est la huitième partie de tout le corps: la mesme mesure est de¬ 
a puis l'extremité inferieure du col par derriere: Il y a depuiss le haut de la poitrine jusqu'à 
« la racine des cheveux une sixième partiee & jusqu' au somment une quatrième: La troisieme 
partie du visage est depuis le bas du menton jusqu’au dessous du nez, il y en a autant de¬ 
puis le dessous du nez jusqu'aux sourcils, & autant encore delà jusqu’à la racine des che¬ 
2 p veux qui termine le front:7 Le pied a la sixieme partie de la hauteur de tout le corps, ? le 
4 coude la quatrième, de mesme que? la poitrine. Les autres parties ont chacune leurs me¬ 
sures & proportions sur lesquelles les excellens Peintres & Sculpteurs de l'antiquité, qu’on 
estime tant, se sont toujours reglez; Et il faut aussi que les parties qui composent un Tem¬ 
ple avent chacune une correspondance convenable avec le tout. 
Le centre du corps est naturellement au nombril: Car si à un homme couche & qui a les 
mains & les pieds étendus, on met le centre d'un compas au nombril, & que l'on décrivè 
kun cercle, il touchera 1o l'extremité des doigts des mains & des pieds: Et comme le corps 
ainsi étendu, a rapport avec un cercle, on trouvera qu'il est de mesme à un quarre: Car si 
on prend la distance qu’il y a de l'extremitem des pieds a celle de la teste, & qu'on la rapporte 
à celle des mains étenduens, on trouvera que la largeur & la longueur sont pareilles, com¬ 
Cme elles sont en un quarré fait à l'Equerre. 
Si donc la nature a tellement compose le corps de l'homme que chaque membre a une 
proportion avec le tout; ce n'est pas sans raison que les anciens ont voulu que dans leurs 
ouvrages ce mesme rapport des parties avec le tout, se rencontrast exactement observe. 
Mais entre tous les ouvrages dont ils ont reglé les mesures, ils ont principalement eu soin 
des Temples des Dieux, dans lesquels ce qu'il y a de bien ou de mal-fait, est expose au ju¬ 
gement de toute la posterite. 
La division mesme des mesures de tous les ouvrages a esté prise sur les parties du corps 
humain, comme sont le doigt, le palme, le pié, la coudée: & ces divisions ont este re¬ 
duites à un nombre parfait que les Grecs appellent Telion. Or ce nombre parfait etably 
par les anciens est Dix, à cause du nombre des dix doigts qui composent la main; de mes¬ 
p me que la mesure du palme a este prise des doigts, & celle du piè des palmes. Car, comme 
la nature a mis dix doigts aux deux mains, Platon a crû que ce nombre estoit parfait, 
dautant que les unitez qui sont appellées monades par les Grecs, accomplissent la dizaine, 
en sorte que si l'on passe jusqu'à onze ou douze on ne trouve point de nombre parfast jus¬ 
le ply du bras jusqu'à l'extremité des doigts: cette propoi 
L. LEHAUT DE LA TOITRINE. Je pense qu'il entend 
tion est encore veritable suivant Albert, mais celle de la po 
les clavicules par le haut de la poitrine. Mais il y a plus que 
trine ne se trouve point en aucun sujet, il faut croire qu'il v 
la sixième partie dans cet espace, & il va jusqu'à six & 
a faute au texte, ou que Vitruve par la poitrine entend l'es¬ 
demy. 
pace qui est de l'extremité d'une épaule à l'e 
2. ET jusqu'Au SOMMET UNE QUATRIEME. Ces 
§. LA POITRINE. Il n'est pas aisé de juger ce que Vi- 
avec raison que Philander soupçonne qu'il y a faute au texte 
truve entend par la poitrine, vû la grandeur qu'il luy donne 
& qu'il faut lire au lieu d'une quatrième, quelque peu de 
car si la poitrine est prise depuis les clavicules jusqu'au car¬ 
chose plus qu'une cinquième: autrement il s'ensuivroit que 
tilage xiphoide, appellé vulgairement le creux de l'estomac, 
l'espace qui est depuis la racine des cheveux, jusqu'au som¬ 
elle n'a tout au plus qu'une septième partie, & si on la prend 
met, seroit presque aussi grand que tout le visage. se trouve 
d'une extremité des costes à l'autre, elle n'en a qu'une cin- 
E selon la proportion d' Albert Durer qui a recherché cette ma¬ 
quième. Je ne scay si au lieu de pectus item quarta, il ne 
tiere avec beaucoup de curiosité, qu'en un corps dont toute 
faudroit point lire ad medium pectus quarta; parce qu il est 
la teste est la huitième partie du tout, l'espace qui est depuis 
vray que l'espace qu'il y a de l'extremité des doigts au pl 
le haut de la poitrine jusqu'au sommet de la teste, est la cin¬ 
du coude est égal à celuy qu'il y a du ply du coude au milieu 
quième & demie de tout le corps. 
de la poitrine, l'un & l'autre estant le quatrième de la hau¬ 
3. LE PIE ALA SIXIEME PARTIE. Cette propor 
teur de tout le corps. 
tion du pié est encore mal établie, & il ne se trouve point 
6. LEXTREMITE DES DOICTS DES MAINS ET DES 
qu'un corps bien fait dont la teste est la huitième de tout le 
PIEZ. Cela ne se trouve point encore estre vray dans les corps 
corps, ait le pié plus grand que de la septième. La mesme 
bien proportionnez; ou l'extremité des doigts des piez passe 
chose est repetée au commencement du 4. livre. Leon Ba 
d' une vingt- quatrième partie au delà du cercle, dont le centre 
est au nombril & la circonference passe par l'extremité de 
doigts. De sorte qu'il y a apparence que Vitruve à entendi 
tnreqeil ga depuis le menton ulqu'au lommet de la teste. 
par l'extremité des doigts des piez simplement l'extremite 
4. LE COUDE LA QUATRIEME DE MESME QUE LA 
des piez ou des jambes qui peut estre entenduen des talons. 
TOITRINE. On entend par le coude l'espace qui est depuis