Full text: Vitruvius: Les Dix Livres D'Architecture De Vitruve

VITRUVE 
CHAD.IX. les Esclaves estre saines quand on les vend estant grosses. La kaison est que ce qui a esté A 
conceu, venant à croistre attire à soy une bonne partie de la meilleure nourriture, en sorte 
que plus le fruit se fortifie en meurissant, & plus il diminue la force & la fermeté de ce 
qui l'a produit. Mais aprés l'accouchement toute cette nourriture qui estoit consumée par 
un nouvel accroissement, n'estant plus necessairement employée a la production d'une 
chose étrangere, se retire dans les veines qui estoient vuidées, & le corps de la mere se for- 
tifie, & revient en son premier état. Ainsi lorsqu'en Automne les fruits sont meurs, & que 
les feuilles commencent à se flestrir, les arbres retiennent en eux tout le suc que leurs raci¬ 
nes tirent de la terre, ils reprennent leurs anciennes forces, & sur cela le froid de l'hyver 
survenant, il les resserre & les affermit. C'est pourquoy c'est là le temps le plus propre pour 
couper les arbres, ainsi qu'il a esté dit. 
La maniere de les couper est qu'il les faut cerner par lee pied jusqu'à la moitié du cœur B 
de l'arbre & les laisser ainsi quelque temps, afin que l'humidité inutile en sorte, & que cou¬ 
sant par cette entaille au travers de? l'Aubour, elle ne vienne point à se corrompre dans le¬ 
bois & à le gaster aussi ensuite. Quand l'arbre sera bien sec & qu'il ne degouttera plus rien¬ 
il faudra l'abattre, & alors il sera fort bon à mettre en oeuvre. 
Il est aise de juger combien cette methode est utile par ce qui se pratique aux arbrisseaus 
pour les faire durer long-temps, qui est qu'on leur oste ce qu'ils ont d'humidité superflut 
& vitieuse en les perçant par le bas en certains temps, & qu on voit? qu'ils demeurent foi¬ 
ESCLAVES. Si Vitruve ne s'est point trompé, la Jurispruden 
c'est la graisse du bois qui est immediatement sous l'écorce 
ce a changé depuis son temps: car Ulpien dit le contraire. Si 
ainsi que la graisse est sous la peau, & de mesme qu'elle est 
mulier vaenierit praegnans, inter omnes convenit sanam esse eam. 
une partie moins ferme que la chair, & qui se consume l¬ 
maximum enim & praecipuum munus foeminarum, concipere ac 
tueri conceptum. Il faut voir la seconde note du chap. qui suit. 
5 LA PRODUCTION D'UNE CHOSE ESTRAN¬ 
ple de Pline de rapporter les parties des plantes à celles des 
GERE. J'interprete ainsi, disparationem procreationis, 
animaux, j'aimerois mieux dire que dans les plantes l'Au¬ 
ce qu'il est manifeste que Vitruve veut dire qu'autant qui 
bour, ou ce qui tient lieu d'Aubour fait l'office des Veines, 
nature employe de sang à la production de l'enfant, elle 
& que l'office des Arteres est fait par l'écorce qui reçoit la 
minuë autant des forces de la mere, qui est privée de sa no 
nourriture de la racine, comme les Arteres reçoivent le sang 
riture, dont la meilleure partie est employée à une chose étran¬ 
du cœeur & qu'elles le portent à toutes les parties de l'arbre 
gere; supposant que la production & la nourriture sont deux 
que ce que l'Ecorce contient est un peu plus parfait, mieux 
cuit & destiné à la nourriture, & que le reste de cette nour¬ 
ppellé au 
riture est renvoyé à la racine par l'Aubour, ou entre l'écor- 
paravant aliud genus incrementi. Cela estant, comme il me 
ce & le bois, ou mesme entre les fibres du bois, afin d'estre 
femble, fort clair, je n'ay point fait difficulté de corri 
de nouveau cuit & perfectionné pour remonter par l'écorcei 
cet endroit en lisant à disparatione procreationis est libe 
& ainsi par une circulation continuelle imiter celle qui se fait 
tum, au lieu de ad disparationem procreationis est liberatum. 
dans le corps des animaux. L'écoulement de cette humeut 
Pour ce qui est de cette comparaison des femmes grosses, 
aqueuse qui arrive quand on a cerné l'arbre jusqu'au coeur du 
semble qu'on a de la peine a en faire l'application aux 
s, fait concevoir de quelle maniere se fait ce different 
bres, sans abandonner les principes que Vitruve a établis 
uvement de diverses liqueurs, qui est, que la disposition D 
qui font que l'abondance de l'humidité affoiblit le bois, 
des Pores & des Fibres de l'Aubour ou du cœur du bois, 
c'est la consomption de l'humidité qui affoiblit les femn 
telle, qu ils laissent aisement coulerl'humeur embas, & que 
grosses: ce qui est dit ensuite, sçavoir qu'il faut cerner le 
Fibres & les Pores de l'écorce ont une disposition contraire 
arbres par le bas pour en faire écouler l'humidité, confir- 
qui fait que quoique ce cerne coupe l'écorce aussi- bien que 
me aussi la premiere pensée de Vitruve que je croy estre la 
l'Aubour, il ne tombe neanmoins que l humeur aqueuse & 
meilleure. 
crue, de mesine qu'en l'amputation d'un membre d'un ani¬ 
6. JusQuA LA MOITIE DU COEUR DE L'AE 
mal il ne coule qu'une espece de sang, sęavoir l'Arteriel, l'au¬ 
BRE. Le cœur qui est la partie que l'Aubour couvre 
tre espece estant retenue & suspendue par les valvules qu 
est ce que Vitruve appelle medulla , ce mot est equive 
font dans les veines. Cette matiere est traitée plus ample 
que parce qu'il signifie non seulement la partie la plus so¬ 
ment dans le premier Tome de mes Essais de Physique, o 
lide du bois, laquelle est au milieu; mais aussi cette parti¬ 
je tire de ce Systeme de la nourriture des plantes un Thoreme 
tendre & molasse qui se trouve au milieu des premiers re¬ 
& un precepte assez important pour l'employ du bois dans 
jettons, & que les branches & les troncs mesmes de qui 
les bastimens, qui est de poser les pieces qui sont debout 
ques arbres ont, tels que sont le Sureau, le Figuier, laV 
en une situation contraire à celle qu'elles ont naturellement 
ne. Pour ce qui est de cerner les arbres par le pié, Pline dit 
estant sur le pied: car par ce moyen on peut empescher que 
eulement ad medullam, & Palladius, usque ad medullam; 
l'eau qui tombe dessus ne les gaste comme elle feroit si le bois I 
Mais Vitruve dit usque ad mediam medullam, pour faire en¬ 
estoit en sa situation naturelle; par la raison que les conduits 
tendre qu'il est plus seur de couper un peu avant dans le 
qui sont dans les bois disposez pour laisser couler l'humi¬ 
coeur, afin que s'il est passe quelque humidité de l'Aubout 
ditè superfluè vers la racine, laissent aisement penetrer l'eau 
dans les parties du coeur qui luy font voisines, elle s'epuise 
qui est de mesme nature que cetre humidité superfluem, ce qui 
entierement. 
n'arrive pas si facilement le bois estant renverse, parce qu'a¬ 
7. L'AuBOuR. Le mot Latin Torulus que j'ay explique 
lors l'eau ne rencontre que des conduits disposez à faire cou¬ 
Aubour, est un mot particulier à Vitruve pour cela: Dans 
ler l'humeur huileuse destinée à la nourriture de la plante, 
Plaute il signifie un petit chapeau: on peut aussi dire qu'i 
avec laquelle une substance simplement aqueuse telle qu'est 
signifie un petit matelas; peut estre à cause de la mollesse 
celle de la pluye, ne se messe pas facilement. 
de cette partie du bois; ce qui pourroit convenit aussi a 
S. ILS DEMEURENT FOIBLES ET LANGUISSANS 
feutre d'un chapeau. Nostre nom François Aubour est pris 
il semble que Philander ait eu quelque opinion de la circu¬ 
du mot Latin dont Pline s'est servy, 
qui appelle cette partie 
lation de la nourriture dans les plantes, quand il dit sur ces 
des arbres Alburnum propter albed 
iem: Parce qu'en effet 
endroit de Vitruve que l'evacuation de l'humidité aqueuse 
l'Aubour est plus blanc que le reste du bois. Pline dit que 
tient lieu de saignée aux arbrisseaux, parce qu'en effet certe
	        
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