Full text: Vitruvius: Les Dix Livres D'Architecture De Vitruve

VITRUVE 
CHar. V. Les Tours doivent s avancer hors le Mur afin que lorsque les ennemis s'en approchent, A 
selles qui sont à droit & gauche leur donnent dans le sanc, & faut prendre garde de 
tendre lapproche des Murs difficile, les environnant de precipices, &de faire ensorte que 
les chemins quivont aux Portes, ne soient pas droits, mais qu'ils tournent à la gauche de 
la potte: car par ce moyen les assiegeans presenteront à ceux qui sont sur la Muraille le 
costé droit qui n'est point couvert du bouclier. 
La figure d'une Place ne doit estre ny quarrée, ny composée d'Angles trop avancez, 
mais; elle doit faire simplement une enceinte, afin que l'enfiemy puisse estre vu de plu¬ 
sieuts endroits, cat les Angles avancez sont mal propres pour la defense, & sont plus favo¬ 
rables aux assiegeans, qu'aux assiegez. 
l'estime que l'épaisseur de la Muraille doit estre assez grande pour faire que deux hom¬ 
mes armez qui viennent à la rencontre l'un de l'autre, puissent passet aisément, & sans s'in¬ B 
commoder: Atravers cette épaisseur il doit y avoir 4 de grands pieux de bois d'Olivier un? 
peu brulez & placez fort drû, afin que les deux paremens de la mutaille ainsi joints ensemble 
comme par des clefs & tirans, ayent une fermeté de longue durée: car ce bois ainsi prepare 
n'est sujet ny à se vermouler, ny à se corrompre en quelque manière que ce soit parle 
temps, pouvant demeurer éternellement & dans la terre & dans l'eau sans se gaster. Cela se 
doit pratiquer non seulement dans la construction du Mur, mais mesme de ses Fondemens: 
& quand en d'autres Edifices que des Rempars on aura besoin de Murailles fort épaisses, il 
en faudra ainsi user: car par le moyen de cette liaison, ils dureront fort long-temps. 
Les Espaces d'entre les Tours doivent estre tellement compassez, qu'ils ne soient pas plus 
longs que la portée des traits & des fleches; afin que les assiegeans soient repoussez estant 
battus a droit & à gauche tant par les Scorpions, que par les autres machines que l'on a § 
pour lancer des fleches. 
Il faut de plus qu'au droit des Tours le Mur soit coupé en dedans de la largeur de la 
Murailles, au lieu qu'en une Place quarrée l'assiegeant estant 
qui se soûtiennent & s'entretiennent: De sorte que je croy 
au droit d'une des Faces, est à couvert des trois autres. Ta- 
qu'il faudroit regler la largeur de l'empatement par la hau- 
cite parlant des Murs de Jerusalem dit Vrbem claudeban 
teur & par la charge des Murs, plustost que par leur largeur. 
Muri per artem obliqui & introrsus sinuati, ut latera op¬ 
Lorsqu'on bastit les fondemens de l'Arc de Triomphe de la 
pugnantium ad ictus patescerent : cela semble faire enten 
Porte saint Antoine. Les Architectes eurent de la peine à 
dre que ce n'estoit pas la coustume de les faire de cette ma- 
aprouver le peu de largeur que je donnois à l'empatement 
qui selon leurs regles auroit du estre huit fois plus 
qui est celle que l'on pratique dans l'Architecture 
niere, 
re moderne. 
militais 
qu'il n'est à cause de la grande masse de cet édific 
4. DE GRANDS PIEUX. Ce que Vitruve apelle icy 
hauteur qui est de vingt toises n'est pas le triple de sa lar- 
taleas perpetuas, Cesar dans la description des Murs, e 
les Gaulois fermoient leurs Villes, l'apelle trabes perpet 
Il dit que ces P 
Poutres estoient 
vieppatemen de draque cot, & n'ena pas plus d'ure. 1 
posées d'un parement du Mur 
à l'autre alternativement avêc 
des rangées de pierre, qui al 
faut voir ce qui est écrit sur ce sujet à la fin du dernier chap 
loient aussi d'un parement à l'autre, & qui faisoient à chaqu 
du sixième livre. 
parement comme un Echiquier, chaque Poutre estant en¬ 
3. ELLE DOIT FAIRE SIMPLEMENT UNE ENCEINTE. 
fermée entre quatre rangées de Pierres, & chaque rangée de 
Vegece n'est pas de l'avis de Vitruve, car il croit que les An- 
Pierre estant enfermée entre quatre poutres, ainsi que l'on 
ciens vouloient que les Murs de leurs Villes eussent des si- 
peut voir dans la II. Figure de la IV. Planche. 
nuositez, Vrbes claudebant sinuosis anfractibus veteres. L 
5. LES SCORPIONS. Les Anciens apelloient ainsi une 
raison de Vitruve est à mon avis que les Rempars estant 
machine fort semblable à celle que nous apellons Arbaleste. 
tournez en rond, font que les assiegeans sont toujours expo¬ 
Il en est amplement parlé au 10. livre. 
fez aux traits de prés de la moitié de ceux qui défendent les 
EXPLICATION DE LA PLANCHE IV. 
La premicre Figure de cette Planche répresente le Plan & l'Elevation perspective des Fortifica- 
tiens des Anciens. On n'a mis qu'une partie tant du Plan que de l'Elevation, afin que l'un & l'autre 
fust en plus grand volume. On y voit deux choses particulieres & remarquables. La premiere est que 
les Courtines estoient coupées & interrompues en dedans au droit des Tours, n'estant jointes que par des 
Ponts de bois qu'il estoit facile d'abattre pour empêcher les assiegeans de passer outre, lorsqu'ils s'estoient 
rendus maistres d'une partie du Rempart. L'autre chose qu'il y a à remarquer, est qu'aux endroits qui 
estoient commandex par quelque eminence voisine du Rempart, ils l'élargissoient en faisant un Contre¬ 
mur BBoppose au Mur AA, & encore d'autres Murs CC, qui joignoient le Contremur au Mur, 
afin de les fortifier l'un & l'autre, & d'affoiblir la poußée de la terre qui estoit entre deux. 
La seconde Figure represente la maniere dont les anciens Gaulois, au rapport de Cesar, bastissoient 
les Murs de leurs Villes. AA est une des poutres qui estoient en travers du Mur, & dont un bout pa¬ 
roissoit à un des paremens, & l'autre bout à l'autre parement. BB est une des rangées de pierres, qui 
estoient entre les poutres. 
PLANCHE
	        
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