LIVRE VI.
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CHAPITRE X.
CHAP. X.
Des Edifices des Grecs, de la disposition des parties qui les composent, de leurs noms,
& de leurs usages, qui sont fort differens de ceux des edifices d'Italie.
Es Grecs bastissent autrement que nous; car ils n'ont point de Vestibules, mais de la Atria.
premiere porte on entre dans un passage qui n'est pas fort large, où d'un costé il y a
* des Ecuries, de l'autre la loge du Portier. Au bout de ce passage que l'on appelle Thyro-Qui appartient
à celuy qui gar
rion, il y a une autre porte d'où l'on entre dans le Peristyle, qui a des Portiques de trois
de la porte.
costez. Au costé qui regarde le Midy il y a deux Antes fort éloignées l'une de l'autre,' qui
B soûtiennent un Poitrail, & si l'on oste la troisième partie de l'espace qui est entre ces
Antes, le reste est egal à l'enfoncement de cette piece. Elle est appellée t par quelques- Cequiestproche.
Ce qui est à costé.
uns Prostas , & par d'autres Parastas
Au dedans de ce lieu il y a de grandes Salles où les Meres de famille filent avec leurs
servantes. Dans le passage qui s appelle Prostas, il y a à droit & à gauche des chambres
7 dont l'une est appellé Thalamus, l'autre Antithalamus. Autour des Portiques il y a des Sal-Lachambre
l'Antichantre
* les à manger, des Chambres, & des Garderobes; & cette partie de la maison s'appelle Gy¬ eue fanils
rica.
neconitis.
Appartement
A cette partie est jointe une autre plus grande & plus ample qui a des Peristyles plu¬
des femmes.
larges, dont les quatre Portiques sont de pareille haureur, si ce n'est que quelquefois le¬
C Colonnes sont plus hautes à celuy qui regarde le Midy,, qu'ils appellent Rhodien. Cette
partie de la maison a de plus beaux Vestibules & des Portes plus magnifiques que l'autre.
Les Portiques des Peristyles sont ornez de stuc, & lambrissez de menuiserie. Le long du
Portique qui regarde le Septentrion, il y a des Salles à manger, que l'on appelle Cyzice-
nes, & des Cabinets de Tableaux; à ceux qui regardent l'Orient il y a des Bibliotheques;
à ceux qui regardent le Couchant ce sont des Cabinets de conversation; & à ceux qui re¬
gardent le Midy, de grandes Salles quarrées si vastes & si spacieuses, qu’elles peuvent con¬
« tenir sans estre embarassées, ? quatre tables à trois sieges en forme de lits, avec la place
certainement ce que Vitruve entend par cellas familiaricas.
1.THYRORION. Ce mot Grec est peu usité, mais ce qu'il
Les Anciens appelloient Sellas familiares, sellas perforatas
signifie est assez aisé à entendre parce que le texte l'explique
ad excipienda alvi excrementa accommodatas : Mais ella
clairement; il vient de Thyra qui signifie la porte.
qui signifie une selle, est autre chose que cella qui est une pe¬
D 2. QuI SOUTIENNE NT UN POITRAIL. Je lis dua
tite chambre. Il y a neanmoins apparence que Vitruve n
antas in quibus trabes invehitur au lieu de invehuntur, qui a
pas mis le mot de cella au lieu de celuy de sella par mégard
esté mis par un Copiste qui ne sçavoit pas que trabes se dit
parce qu'il s'agit icy des pieces dont les appartemens sont
au singulier; & que deux pilliers ou piedroits ne soûtiennent
composez, & non pas des choses dont ils sont meublez:
qu'un Poitrail.
t on peut croire aussi qu'il a ajouté le mot familiarica ou
3. ET SILON OSTE. Il a falu paraphraser cet endroit
amiliaris pour designer l'usage de cette piece qui estoit d
qui mesme avec la paraphrase ne laisse pas d'estre obscur
stinée pour la commodité des necessitez ordinaires. Mais
Pour le rendre plus clair il n'y auroit eu qu'à dire que la pie
faut entendre que ce qui est icy appellé garderobbe n'estoit
ce appellée prostas a en profondeur les deux tiers de l'ouver
qu'un lieu pour serrer la chaise & les autres meubles neces-
ture qui est entre les deux autres. Sçamozzi ne s'est point
saires à la chambre, & non pas le lieu qui en françois est ap¬
mis en peine de tout cela quand il a dessiné le Prostas de
pellé le privé; parce qu'il ne se trouve point dans les basti-
Vitruve aux maisons des Grecs: au lieu des deux Antes,
s eussent dans leurs
mens qui nous restent des Anciens, qu'ils
dont il est parlé dans le texte, il en a mis quatre.
maisons des fosses à privez. Ce qu'ils appelloient latrinas
PAR QUELQUE S-UNS Prostas. Les mots de Prostas
estoient des lieux publics où alloient ceux qui n'avoient pas
e Parastas signifient la mesme chose sçavoir des Antes.
des esclaves pour vuider & pour laver leurs bassins, q
des Pillastres, des Piedroits: Il ne se trouve point qu'ils si-
estoient aussi appellez latrinae à lavando, suivant l'etyn
gnifient un lieu & un passage ailleurs qu'en cet endroit. Il
logie de M. Varro. Car Plaute parle de la servante que li
en est parlé au commencement du 2 chap. du 4 livre.
trinam lavat; or latrina ne peut estre entendu en cet ei
5. ANTITHALAMUS. Les Exemplaires ont Amphi¬
droit de Plaute de la fosse qui chez les Romains estoit
thalamus. Je lis Antithalamus, selon la correction de Her¬
nettoyée par des conduits sousterrains dans lesquels le Ty-
molaus. Il y a apparence que cette partie dont Vitruve par¬
bre passoit: & il est vray-semblable que Plaute s'est servi
le est celle que Pline dans ses Epistres appelle procœetion, qui
du mot de Latrina pour dire que sella familiaris erat veluti
latrina particularis
7. Qu'ILS APPELLENT RHODIEN. On ne sçait
que Pline dit dans une de ses Epistres que son Anticham
pas bien pourquoy ce Portique s'appelle Rhodien, si ce
bre estoit jointe immediatement à sa Chambre, au lieu que
n'est parce qu'estant tourné au Midy & ayant le Soleil tout
nous voyons icy que l'Antithalamus des Grecs estoit se
le long du jour, il est semblable à l'Isle de Rhodes dans la-
du Thalamus par le Vestibule ou passage appellé Prosta
quelle Pline dit que le Soleil est rarement caché par des
c'est peut estre par cette raison-là que Pline dit que son An¬
nuées.
tichambre estoit jointe à sa Chambre, comme estant une
8. QuATRE TABLES A TROIS SIEGES EN
chose qui n'estoit pas ordinaire.
FORME DE LITS. Je traduis ainsi triclinium qui à la let¬
6. DES CARDEROBES. Il n'est pas aisé de sçavoir